La psychanalyse de ce bref souvenir d’un rêve en chinois, nous conduira à suivre à la trace un sinogramme « zhao » , qui dans les textes taoïstes anciens avait pour fonction celle d’un  sujet de l’énonciation émergeant de la science graphique.

        Ces traces exploreront l’émergence d’une transcendance chinoise, et donc à dire que la pensée chinoise ne serait pas réductible à son éternelle immanence. Emergence, aussi, de la notion d’un « individu » et donc d’une possible subjectivité trans-individuelle, préliminaire à la pensée d’un « sujet de l’inconscient » en Chine traditionnelle.

        Ce n’est pas pour faire œuvre de sinologue, mais par ce détour éclairer une pratique de la cure avec « ceux qui entendent des voix que les autres n’entendent pas ».

        Autrement dit éclairer ce que m’a enseigné, l’année dernière, le travail sur la traduction chinoise du couple « signifiant/signifié » : ce qui est obscur c’est le rapport de la pulsion invocante avec la pulsion scopique, ou autrement dit le passage de la voix à l’écriture et hypothétiquement vice et versa.

 

Bibliographie : ouvrage dont la lecture est conseillée et même indispensable pour suivre ce séminaire.

    Cahiers d’Extrême-Asie N° 14.  Leon Vandermeersh : De l’idéographie divinatoire à Confucius et Zhuang zi.

    John Lagerwey : Deux écrits taoïstes anciens.

    Brigitte Bertrhier : La dame du bord de l’eau. Recherches sur la haute Asie 8. Société d’Ethnologie 1988.

    Leon Vandermeersch : La langue graphique chinoise in  Etudes sinologiques. Paris P.U.F 1994.

    I. Robinet : La révélation du Shangqing dans l’histoire du taoïsme. Tome 1, Ecole française d’extrême orient. Paris 1984.




Présentation du séminaire du Jeudi 20 octobre 2005


什么 chong

    Séminaire inauguré cette année par la psychanalyse d’un rêve d’un psychanalyste. Comme je le soutiens encore il n’y a de clinique psychanalytique que celle du psychanalyste. En l’occurrence mon patient ma (patiente) sera la Chine elle-même qui, chacun le sait, est connu pour sa patience, bien plus patiente que les sinologues.

J’ai donc, pour la première fois rêvé en langue chinoise, je délivrerais, donc, publiquement, les débuts de l’analyse de ce rêve qui, comme on le verra, reprendra la profonde douleur qui me traversa à la lecture du livre « l’indifférence à la psychanalyse » qualifié de niaiserie par M. R. Lanselle. Concernant mon texte paraissant dans cet opuscule, je ne suis pas loin de partager ce point de vue.

    Ce rêve vient donc de façon allusive, reprendre le contenu de mon intervention lors des journées de novembre 2003. Cette obstination me revient aux oreilles par la rumeur que je serais paranoïaque.


chong


金文编

jinwenbian : bronze


續甲骨文

xujiaguwen. Carapace. os


說文解字

shuowenjiezi : dictionnaire




Présentation du séminaire du Jeudi 15 décembre 2005


   Un schéma retraçant le dernier séminaire et l’analyse publique de ce premier rêve en chinois :

    Nous continuerons l’analyse lors de la séance du 15 décembre, mais, dès l’ouverture, je préciserais qu’un souvenir est revenu. Je connaissais un des sens de chong qui est le prénom d’un professeur de Paris 7 « Qi Chong », avec lequel nous avons travaillé à la traduction de quelques phrases de J. Lacan.

    Après le mois de novembre, le professeur Qi Chong a écrit un article portant sur « nga »1. Cet article est paru après la sortie du livre Indifférence à la psychanalyse amputé de mon titre « 河里淹死会水的 Nga ad libitum » dans lequel je soutenais la liaison entre nga et une manière de dire « je/moi » en chinois antique et en dialecte de Shaoxing la ville natale de Lu Xun.

    Ainsi ce refoulement du nom Qi Chong me reconduit à ce rêve qui parle précisément, par son analyse publique, d’un événement public qui m’a poussé à l’écriture.

    Je poursuivrais, donc l’analyse de ce rêve avec vous, analyse qui engage la problématique de la paranoïa comme ayant rapport avec la connaissance.

    La finalité en cours d’année sera de faire une passerelle avec  ce « sujet » de l’énonciation de pure écriture, sans rapport avec la voix. Il y a une révélation chinoise qui ne passe pas par une voix mais par une pure science graphique.


1.Sujet Moi Personne. Le je dans tous ses états. Analyse du pronom de première personne en chinois archaïque, in Cahiers du centre Marcel Granet N°2, p. 45-82. P.U.F



Présentation du séminaire du Jeudi 19 janvier 2006


    Jean Oury évoquant son travail avec Gisela Pankow fait référence à l'image du corps dont elle parlait d'abondance. En écho il indique cette phrase de Jacques Lacan : « ne cherchez pas le grand Autre ailleurs que dans le corps ».

http://institutions.ifrance.com/pages_textes/articles/oury/lafonctionscribe.htmet


    Bonne entrée en matière pour continuer d'explorer, ce à quoi m'a invité mon rêve en chinois, les différentes manières de dire “je/moi/mon” en chinois.


    Il importe de dire que cette traduction entraîne des connotations culturelles françaises qui ne sauraient correspondre aux chinoises. La question pourrait s'universaliser en disant : « comment s'introduit en Chine la question de la singularité. »


    "Je”, en français, engage l'énonciation sonore et sa transcription en écriture alphabétique. En chinois apparaît pour la singularité une manière de s'annoncer de pure graphie.


    C'est ce que nous commencerons d'explorer en faisant référence aux textes anciens de la famille taoïste.





Présentation du séminaire du Jeudi 16 Mars 2006


« J’ai laissé aller ma voix pour voir comment elle résonnait dans cette liberté : elle emportait son timbre, flottant par dessus les vallées ; rebondissant contre les glaciers, elle était mon nom »

Daniel Moyano, « Tres golpes de timbal », Sigila, N° 11, p.88.


    J’ai trouvé cette citation dans le livre de P. Porret : Joyce McDougall. Une écoute lumineuse à la page 325. Elle est bien venue car son livre m’a replongé dans la période du début de mon analyse et de ma première phrase après quelques préliminaires : « je vais vous racontez ma biographie », bien sûr Pierra a tiqué, mais je l’ai terminé par le récit d’un rêve qui disait en italien : « et pourtant c’était écrit » P. Porret évoque de légères divergences entre Piera et Joyce, divergences qui mettent en jeu le concept de Pictogramme.

    Je reprend donc les textes taoïstes anciens et les études qu’ils provoquent chez I. Robinet et J. Lagerwey. Ces études m’aident à mettre après-coup des lumières sur certaines cures de « ceux qui entendent des voix que les autres (psychanalystes compris) n’entendent pas ». Ces études mettent en scène l’adepte (au singulier) de rites taoîstes lors desquels il va ingérer les noms des dieux du corps en les reliant à ses organes corporels par l’intermédiaires d’écritures dites « inspirées ». Cet adepte sera dans son énonciation de singulière en relation avec le sinogramme zhao, traduit par : moi /je / mon/corps. Mais zhao est aussi le lieu de l’appareil de la divination qu’est la « carapace de tortue » et ses inscriptions graphiques. Puisque, probablement, vous n’avez pas lu les textes chaudement conseillés, je vous donne une seule citation :  c’est l’empereur qui parle :


« sans souverain, les dix mille sujets se livrent à la violence. Pour que l’ordre règne après moi, j’ai établi des lois, puis mon cœur étant épris du Dao, je suis venu de loin, en traversant les Quatre mers, afin d’avoir le bonheur de rencontrer le Seigneur du Dao. Veuillez avoir la condescendance de me parler. J’ai obtenu de voir l’ «Ecrit  des hommes véritables qui absorbent l’essence », mais je n’ai fait qu’en parcourir le texte, je n’ai pas pu en découvrir le sens. J’ai vu les mots, mais je n’en comprend pas la pratique. Je vous prie de bien vouloir me l’enseigner ».


« On m'a ordonné de vous amener chez moi et d 'attendre votre réveil : j'ai obéi. On m'a ordonné de vous avertir que l'ivresse est mortelle. J'ai informé le saint ministre que vous n'entendiez rien à la langue de Dieu. On a jugé que c'était sans importance, il suffisait que la vérité fût dite, mais je devais vous en donner le texte écrit… »

Casanova (lsocaméron)



Présentation du séminaire du Jeudi 18 mai 2006                               



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Séminaire de Michel Guibal

2005 - 2006


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