Paris, jeudi 29 avril 2010, chez Clovis

An XXIX après Lacan


Le journal Le Monde vient de publier un hors-série sur Sigmund Freud avec un sous-titre qui se voudrait explicatif : « La révolution de l’intime ».

Intime vient du latin interior qui signifie « ce qu’il y a le plus en dedans ». Cicéron cernait déjà la réponse en posant la question : « Qu’y a-t-il de plus intérieur que l’esprit intérieur ? »

Freud, lui, a montré avec l’inconscient qu’il y a autre chose que l’esprit. Son concept d’inconscient manifeste qu’il n’y a rien à l’intérieur de l’esprit et que les choses les plus intimes de nous-mêmes étaient aussi à l’extérieur de nous-mêmes que les choses et le langage. Lacan, dans L’éthique de la psychanalyse, chapitre « De la Création ex-nihilo, leçon du 10 février 1960 » explique : « nous décrivons comme lieu central, cette extériorité intime, cette extimité, qui est la Chose ». Et dans D’un Autre à l’Autre, leçon du 26 mars 1969 : « Tout en nous étant extérieur il faudrait faire le mot “extime” pour désigner ce dont il s’agit ». « L’objet a est extime ». L’objet même de la psychanalyse est extime. C’est-à-dire que l’inconscient, si on prend son sens freudo-lacanien au sérieux, implique qu’il n’y a rien à l’intérieur de notre corps et de notre esprit ou de ce que nous appelons « nous-mêmes », sinon un vide sans fond sans rien de sacré qui fait que tout est à l’extérieur, comme les bords sont toujours à l’extérieur d’un trou. Ce point de vue est, d’une certaine manière, le même que celui du texte bouddhiste appelé « Satipatthana sutta », « l’établissement de l’attention » (de « l’a tension », pourrait-on dire) permet d’atteindre le nirvana… en sept jours. Nonobstant, l’inconscient freudien a mis un terme à la philosophie douillette de l’esprit et à son brouillard mou, pour tout faire éclater à l’extérieur : les consciences, les esprits, les corps, leurs métaphores et leurs métonymies. Comme une révolution est littéralement un mouvement en courbe fermée, n’est-ce pas l’expression, plus conforme à psychanalyse « La révolution de l’extime » que Le Monde, aurait dû utiliser pour présenter Freud ?

Certains diront que c’est un détail, mais c’est un détail fractal qui pourrait faire douter des autres informations que présente ce quotidien, par ailleurs indispensable.


On peut faire remonter le concept « être » à Akhenaton, pharaon du XIVe s. av. J.-C. Mais à cette époque ça n’a pas bien marché. Il faut attendre Moïse et le peuple juif pour que ça fonctionne vraiment. Le judaïsme va produire le christianisme et l’islam. Les Grecs, qui ont beaucoup emprunté aux Égyptiens mais en débarrassant leurs principes de leurs enveloppes mystiques (témoin fondamental, l’inventeur de la médecine moderne : Hippocrate) vont reprendre, à partir de Parménide, le concept « être » avec la philosophie et les succès que l’on sait dans les sciences et les techniques.

L’être et son témoin la conscience est ce qu’on appelle la culture occidentale.


La philosophie, certes connaît le mot inconscient mais sa définition n’est pas celle que lui donnera Freud et que développera Lacan. Pour la philosophie l’inconscient est simplement ce dont la conscience n’a pas encore conscience mais dont elle peut avoir conscience. Un jour, selon Hegel, on aura peut-être conscience de tout. Ce sera la fin de l’histoire. Mais certainement pas sa faim, son appétit, son petit a. Il y a toujours une autre Clio qui prend le relais.

Ce qu’il nous faut d’abord voir c’est qu’avec Freud surgit un sens nouveau du mot inconscient qui engendre une coupure épistémologique dans la culture occidentale. L’inconscient n’est pas relatif à la conscience, comme pour les philosophes et les religieux, l’inconscient précède toutes les consciences. Cette formule l’inconscient précède la conscience porte en elle-même beaucoup plus de conséquences que la formule sartrienne « l’existence précède l’essence ». Parce que l’existence ou l’essence sont deux concepts qui se réfèrent, l’un comme l’autre, à l’être, peu importe en toute rigueur celui qui précède. En revanche, si l’on dit que l’inconscient précède le conscient c’est comme si l’on disait que le non-être précède l’être, l’infini le fini, l’ignorance le savoir, l’effet la cause, l’arrivée le départ, la mort la vie. N’est-ce pas absurde ? Certainement pour le conscient. De plus, ce non-être, l’inconscient, il parle. Il parle d’une parole hors norme qui soutient, accompagne et détache toutes les langues les unes des autres. C’est le langage du silence qui articule toutes les langues.

Voilà qui semble idiot, stupide et insupportable pour la culture philosophique comme pour la conscience religieuse. Mais non pas pour la poésie, la mythologie et l’Art avec un grand A. L’Art, l’Amour, les Affaires et l’Absurde forment l’étoile des A, l’étoile à cinq branches du nombre d’or (petit a).

L’absurde c’est ce qui n’a pas de sens et pourtant c’est ce qui en produit inépuisablement. Par exemple Ionesco est un auteur joué sans interruption au Théâtre de La Huchette à Paris depuis plus d’un demi-siècle. La Cantatrice chauve et La Leçon, chefs-d’œuvre de l’absurde y sont présentées dans leurs mises en scène d’origine, chaque jour, sans relâche depuis 1957. Ces deux pièces battent le record mondial de la longévité sans interruption dans le même théâtre. Pourquoi ? Essentiellement parce qu’elles sont ab-surdes. L’absurdité permet au public, comme tout trait d’esprit, de se soulager, mieux encore de se guérir, de se sauver de ce qu’il refoule. Lacan dans « Fonction et Champ de la parole et du langage » souligne à ce propos l’importance du livre de Freud Le Mot d’esprit et l’inconscient. « Le Mot d’esprit et l’inconscient reste l’œuvre la plus incontestable parce que la plus transparente, où l’effet de l’inconscient nous soit démontré jusqu’aux confins de sa finesse » (Écrits, p. 270) C’est que dans la mesure où nous partageons avec d’autres la même langue nous avons toujours la possibilité de nous en servir « pour, dit Lacan, signifier tout autre chose que ce qu’elle dit » (« L’instance de la lettre dans l’inconscient » Écrits, p. 504-505). Il s’agit d’un refoulement du sens, d’un roulement du fou, pourrait-on dire, où chaque mot surgissant n’a pour effet que d’éclairer les autres sous un angle neuf.

Comme le signifiant est séparé du signifié par la barre de fraction de l’inconscient : S/s, des mots différents (S, S’, S’’…) peuvent désigner le même signifié, le même sens, ou, inversement, des signifiés différents peuvent être désignés par le même mot. Par exemple le mot psychanalyse peut avoir des sens différents selon que le mot désigne « la libération du discours inconscient », selon Freud et Lacan, ou, qu’il s’agisse, comme pour la Samcda, de l’examen des données conscientes et repérables. La première topique de Freud, « Inconscient, préconscient, conscient » recouvre les trois sortes d’analyses possibles mais différentes et permet de bien distinguer le sens du terme « analyse » dans le mot « psychanalyse » freudienne et lacanienne.

Si l’on traduit Dao, par exemple, comme on le fait d’ordinaire, par « voie » ou par « chemin » on laisse supposer qu’il s’agit d’une « voie » ou d’un « chemin » vers l’être, concept suprême des Occidentaux. On trahit alors complètement la pensée chinoise en tentant de lui imposer notre manière occidentale de penser. C’est de l’impérialisme sournois. Aujourd’hui, nous en avons une preuve éclatante, véritable confession involontaire du totalitarisme intellectuel de l’occident, avec une exposition au Grand Palais, qui durera jusqu'au 5 juillet, intitulée : « La Voie du Tao, un autre chemin de l’être »

Cette arrogance occidentale annonce son déclin et l’assomption de la puissance chinoise.


En revanche, si nous traduisons Dao par « parole » ce qui est plus conforme à la langue chinoise, qu’elle soit savante ou populaire, nous pouvons facilement comparer le taoïsme et la psychanalyse. Puisque dans les deux cas il s’agit du langage inconscient. « La parole véritable est la parole hors norme » prévient avant toute chose Lao zi. Et le chan nous conseille « aucune dépendance à l’égard des mots et des lettres » (Transmission de la lampe, Xe s.)

Qu’est ce que cette parole commune à la psychanalyse, au taoïsme et au chan comme à la poésie et à l’art ?

Cette parole désigne la liberté du ça de désintégrer les mots, les lettres, et les caractères imposés par les coutumes, les manuels, les lexiques, les dictionnaires et les encyclopédies de toutes sortes. C’est une parole qui peut se permettre d’utiliser des mots qu'elle a elle-même façonnés sans se soucier des lois grammaticales et syntaxiques existantes. Elle rend l’erreur créatrice. Qui plus est cette parole se révèle être la liberté de silence qui soutient et accompagne toutes lois grammaticales existantes, jusqu’à leur disparition. Car toutes les langues sont mortelles, sauf justement celle du ça. L’immortalité de cette parole est précisément la jouissance, la béatitude, des taoïstes et des poètes qui, comme on le fait, ne font que semblant de mourir.

Quand des mots différents se condensent pour désigner le même sens on dit qu’il s’agit d’une métaphore. Quand des sens différents sont désignés par le même mot on dit qu’il s’agit d’une métonymie. Métaphore et métonymie correspondent à la « condensation » et au « déplacement » du langage du rêve, selon Freud. Pour revenir à l’absurde, les contes de Ionesco « pour enfant de moins de trois ans » nous introduisent de manière récréative à la pratique psychanalytique de la métaphore et de la métonymie.

« Plus nous sommes proches de la psychanalyse amusante, explique Lacan, plus c’est la véritable psychanalyse » (Les écrits techniques de Freud, p. 91).


Appuyons-nous, et prenons-en l’habitude, sur le paradigme saussurien : S/s. Entre le S et le s il y a la barre de fraction du discours inconscient (voir Télévision, n° 4). C’est ce qui a produit ce qu’on appelle le « structuralisme ». C’est cette barre de fraction qui soutient la différence entre énoncé et énonciation. La métaphore exprime le symptôme puisqu’elle dit autrement la même chose. La métonymie exprime le désir, le désir créateur, puisqu’elle désigne par la même expression des sens différents. Il ne s’agit pas avec la métonymie du désir en tant que manque et souffrance mais du désir en tant que production créatrice. Si je comprends que les concepts de vide, de temps, et de parole sont l’inconscient, je peux utiliser chacun de ces termes pour désigner l’inconscient. Je fais alors une métaphore. On peut dire qu’avant Freud il n’y avait que des métaphores de l’inconscient. Vous vous souvenez de l’explication de Lacan dans Télévision (p. 17) lorsqu’il dit : « Comment était-ce avant que fût repéré l’inconscient ? » (C’est-à-dire avant Freud) ?

Réponse : « Une pratique n’a pas besoin d’être éclairée pour opérer. » Les poésies et la mythologie c’étaient les paroles de l’inconscient. Héraclite était le penseur du devenir, ou du temps en tant qu’inconscient. Les Bouddhistes, les penseurs du vide en tant qu’inconscient. À partir de Freud l’inconscient se métamorphose en métonymie. Le même terme « inconscient » peut désigner soit le temps : « L’inconscient est la pulsation temporelle » (Séminaire XI), soit le vide en tant que poussée : Pulsion égale dérive (Télévision, p. 42) ou encore la parole : « L’inconscient ça parle » (« La psychanalyse et son enseignement », in Écrits, p. 437). Tandis que le conscient caractérise l’illusion statique, l’inconscient soutient le devenir premier qui transforme tout.

Pour se familiariser avec la métaphore et la métonymie, pratiques essentielles de la clinique psychanalytique, et faute de pouvoir représenter ici la pièce La Cantatrice chauve nous allons nous servir des contes de Ionesco « pour enfants de moins de trois ans » Dans le premier conte tous les personnages s’appellent par le même nom. Tout le monde s’appelle « Jacqueline » : Entendez « Jacques » et « Line ». Car avant trois ans on ne sait dire à peu près que les mots papa et maman. Tous les hommes et toutes les femmes représentent des « papas » et des « mamans ». Quand le même nom désigne toutes sortes de personnes différentes c’est une métonymie. Tout rêveur se divise en tous les personnages de son rêve. Ils ne sont que des avatars de lui-même. « Je est un autre » disait Rimbaud. Et Nietzsche affirmait : « Je suis tous les noms de l’histoire ». Le même signifiant « Je » peut servir pour tous les signifiés « les noms de l’histoire ».

Les contes de Ionesco nous introduisent directement dans la dimension de l’inconscient en tant que métonymie ou que métaphore. Il n’y a qu’à se laisser porter. La formule de la métonymie donnée par Lacan est : f (S…S’) S (-) s, c’est-à-dire : L’intégrale des S est approximativement égale au S moins s. Le même S ce pas de sens puisqu’il sert à tous les sens.


(Lecture par Maud Ribleur d’un extrait du conte n° 1)


Le deuxième conte illustre la métaphore.

La métaphore représente la condensation c’est-à-dire le symptôme. « Le symptôme est ici le signifiant d’un signifié refoulé » (Écrits, p. 180). Les mots disent autre chose que ce qu’ils disent jusqu’à ce qu’à devenir totalement incompréhensibles pour tous ceux qui ignorent l’inconscient.

La formule de la métaphore de Lacan est

f (   S’)   S (+) s

s


c’est-à-dire : l’intégrale des S est approximativement égale à S + s, à savoir un groupe de signifiants fait fonction de signifié.

Avec le conte n° 2 nous entrons donc dans le symptôme, dans la psychose, à écrire plus précisément ici « psy cause », c’est-à-dire « causerie du souffle vital ». Les mots ne disent plus ce qu’ils disent. Ils sont continuellement ce qu’ils ne sont pas, comme dans le poème du Jabberwocky de Lewis Carroll (1871) dans « Alice derrière le miroir »


(Lecture par Maud Ribleur d’un extrait du conte n° 2)

Ce conte nous amène à la question posée dans Télévision p. 47 : Si on ne peut parler selon notre désir est-ce dû aux autres, à la société, à la civilisation ?



Télévision (p. 47)


Y a-t-il une répression sur le sexe ?

Si l’on jouit si mal est-ce la faute de la société, de la famille, est-ce la faute du capitalisme ?

C’est ce que tout le monde croit. Lacan va soutenir le contraire. Encore une fois, il s’agit de cette découverte de la psychanalyse : l’inconscient précède le conscient. Concept quasiment impossible à admettre pour la culture occidentale.

Donc, à l’inverse de ce que l’on croit, à l’inverse de la doxa, en psychanalyse ce n’est pas la répression sociale qui produit le refoulement. C’est le contraire. Lacan affirme :

La répression (sociale) est produite par le refoulement (inconscient)

                                (p. 41)

Le refoulement inconscient est premier 

                    (p. 48)

C’est, dit-il, dans l’ensemble le basculement dans la deuxième topique

                                    (p. 48)


«À l’origine tout était ça » nous dit Freud (Abrégé de psychanalyse, p. 26) C’est le ça, dynamique et autonome, qui produit le moi et le surmoi en les refoulant. Il s’agit du moi et du surmoi du système inconscient qui vont eux-mêmes se refléter comme dans un miroir, c’est-à-dire sous une forme inversée dans le moi et le surmoi de la réalité. C’est donc par le refoulement originaire du ça que se produisent les familles, les sociétés, les civilisations, leurs malaises et toutes choses de la réalité réduite du même coup au fantasme comme nous l’avons vu précédemment. Le ça, pareil au vide quantique, est une poussée. Toute poussée refoule et produit ce qui tente de la réprimer. Ce qu’on appelle résistance, et qu’il nous faut vaincre, ce n’est pas du tout le refoulement qu’est le ça mais le refoulement du refoulement qu’il produit. C’est le refoulement du refoulement qui est la répression. Car il n’y a pas dans le ça de répression sexuelle. Au contraire. Il n’y a aucune règle. Lacan nous dit bien

qu’il Il n’y a rien à attendre de la sexologie comme science

                            (p.52)

Parce que dans le ça toutes les options sont libres. C’est ce que résume la formule lacanienne « Il n’a pas de rapport sexuel », c’est-à-dire il n’y a pas de logique sexuelle. Le refoulement du ça, s’exprime d’abord, il transgresse et va par-delà toute répression. Et Lacan de souligner encore une fois cette poussée du langage

L’inconscient ex-siste, se motive de la structure soit du langage

                                (p. 48)


En réduisant phonétiquement le mot refoulement, en en faisant des contre pétries « le refoulement » pourrait se dire : l’heureux « foulement », c’est-à-dire « l’heureuse poussée du langage du silence » ou encore : l’heureux « je m’en fous » originaire et serein. S’en foutre c’est exprimer une indifférence totale à l'égard de ce qui, d’après autrui, devrait nous intéresser, c’est ressentir une indifférence joyeuse à l'égard de toute chose et de tout le monde. C’est le détachement, le renoncement, l’extinction dynamique des tensions et des problèmes. C’est ce qui fait que le ça, devenu « le sujet de l’inconscient » est heureux, comme on l’a vu la dernière fois (Télévision, p. 40), qu’il jouit d’une béatitude laïque intégrale. La béatitude désigne la joie abyssale où il est impossible d’être affectée par les circonstances éphémères qui l’encerclent comme un espace physique ou métaphysique. Ici, le trou est le temps. Le trou du ça précède les bords qu’il refoule. C’est le refoulement de ce refoulement qui produit le « malaise dans la civilisation ». La gourmandise, c’est-à-dire la gloutonnerie, la voracité, mais aussi les répressions sont les attributs du surmoi.

non pas effet de la civilisation, dit Lacan, mais malaise (symptôme) dans la civilisation

                                    p. 48)

Ce qu’enseigne Lacan c’est que ce que nous appelons la réalité de la société, de la civilisation est une œuvre de fiction inspirée de la dialectique des refoulements du système inconscient. Quand le ça veut savoir ce qu’il a refoulé il trouve une zoo-société où les animaux parlent et se disputent comme dans le Wonderland d’Alice dans le film de Tim Burton.


La fonction du délire est de libérer notre « souffle vital », de nous désintoxiquer des mots et de nous apprendre à savoir y faire avec les moi et les surmoi de la réalité. On devient, tel Alice sortant de son terrier de lapin, « capable d’aimer et de travailler », selon l’expression même de Freud désignant la sortie de l’Œdipe. On saura enfin y faire avec notre fantasme.


Le film de Tim Burton Alice aux pays des merveilles est une introduction parfaite à la psychanalyse lacanienne qui commence, comme on le sait, par le fameux « stade du miroir » dont il parle pour la première fois au congrès de Marienbad en 1936. Il développera longuement ce thème au cours de son enseignement. Le stade du miroir explique d’une part la nécessité de l’identification du moi à une image qui le forme mais qui l’aliène et d’autre part, l’agressivité nécessaire du sujet qui doit gagner sa place sur l’Autre sous peine d’être lui-même anéanti (voir l’histoire du Jabberwocky dans Alice derrière le miroir)




Lewis Caroll, Lacan et Tim Burton


Derrière le miroir de la conscience, derrière le miroir illusoire des arrières mondes qu’entraîne la conscience, il y a l’inconscient et son langage. Là, le Réel, l’Imaginaire et le Symbolique se nouent et se métamorphosent l’un l’autre. C’est « le m’onde d’A-lice ». Tout monde ne se réduit-il pas aux ondes du langage ? Donc nous pouvons écrire « m’onde » avec une apostrophe. Le nom Alice nous pouvons le séparer en deux mots : A et lice (lice, étymologiquement signifie barrière) ; A est privatif, donc « Alice » signifie « sans barrière ».

Tout ceci n’est pas sans rapport avec l’enseignement de Lacan : « Grand A, petit a, petit autre, objet petit a… La lettre “a” est l’objet central de la psychanalyse » Donc l’enseignement de Lacan pourrait se résumer « aux métamorphoses de la lettre A » (A est la suprême sagesse selon le chan). Ainsi, d’une certaine façon, nous pourrions tous nous appeler Alice, pour peu que nous considérions ce terme comme « le sujet de l’inconscient » à la manière de ce conte de Ionesco « pour enfant de moins de trois ans » où tous les personnages s’appellent Jacqueline. Alice représente le sujet de l’inconscient dans un monde plein de petits autres, ou comme on dit en lacanie de i de (A). Les animaux parlent. L’inconscient parle. L’inconscient n’est que du langage, a montré Lacan. Mais ce n’est pas un langage ordinaire. C’est bien plutôt celui que Lewis Carroll explique à Alice dans Derrière le miroir, celui des lapsus, des contrepèteries, des anagrammes, des mots valises, des homophonies, en bref, ce dont Freud définit la technique même de la psychanalyse : « l’association libre ». Les mots et les lettres y font explosion comme autant de big-bangs. Ceci permet d’expliquer, entre autres, nous dit Lewis Carroll, « tous les poèmes qui ont été inventés jusqu'à aujourd'hui, et un tas d'autres qui n'ont pas encore été inventés » Par exemple, que signifie « slictueux » ? Slictieux signifie : « souple, actif, onctueux. » Vois-tu, Alice, c'est comme une valise : il y a trois sens empaquetés en un seul mot. Et « Vribler » ? Vibrer « c'est faire des trous comme une vrille », etc.

À partir du moment où nous sommes plus ou moins capables de regarder ainsi tous les mots, c’est-à-dire de les « vibrer », de les désatomiser, comme la physique moderne l’a fait pour l’atome soi disant indivisible, nous serons de moins en moins victimes du langage. C’est que la vérité a structure de fiction. Toute fiction a une dimension de vérité, nous dit la psychanalyse de Lacan. Et le délire est une autoguérison salvatrice. À quoi sert le délire ? À se délivrer de la masse de ce que l’on refoule et qui nous accable. Le psychotique, qui refoule et dénie son délire, l’incarne, malheureusement pour lui. Le névrosé qui fantasme et pratique la règle fondamentale de la psychanalyse, l’association libre, se libère de ce qu’il refoule et trouvera soudain la réalité beaucoup plus simple qu’elle ne lui paraissait.

Avant que la créativité de l’inconscient soit mise en évidence par Freud, il y avait les poètes, la mythologie et… Lewis Carroll, célèbre pour son chef-d’œuvre Alice et le Wonderland et sa suite Alice derrière le miroir. Cependant l’important restera toujours de distinguer l’inconscient que dénie par principe le conscient. C’est la leçon que donne Tim Burton avec son film sur le monde d’Alice. Ce n’est pas seulement la lettre, ce n’est pas seulement l’esprit c’est génie de Lewis Caroll dans toute sa fraîcheur que Tim Burton a réanimé avec cette adaptation de l’inconscient féérique d’une Alice, d’abord comme tout le monde, en conflit avec la réalité. Tim Burton sait distinguer le conscient de l’inconscient. Ce qui n’est pas à la portée tout le monde. Il est rompu à l’art des métaphores et des métonymies, des déplacements et des condensations qui sont le langage du rêve. Mais son génie c’est d’avoir, malgré la Samcda (Société d’Alliance Mondiale contre le discours Analytique), redonner son sens étymologique au mot « psychanalyse » : celui de libération (analyse) du souffle vital (Psyché). Le souffle vital c’est la parole hors normes de l’inconscient, le ça. La Samcda comme toutes les religions et la philosophie tiennent le conscient pour le Grand Autre sacré et le ça pour un imposteur. La Samcda sévit aux USA comme en Europe, chez les philosophes, les scientifiques et même chez certains psychanalystes. En résumé elle tente de soutenir que la poésie est un délire qui doit être supprimé par la chimie voire par des opérations de chirurgie cervicales. Justement, le film de Burton nous transporte ailleurs. Ailleurs, hors des cervelles étroites. Il raconte que pour le père d’Alice, comme pour Lacan, « le réel est l’impossible », l’impossible de la poésie qui soutient toute chose. À six ans, la petite Alice, est terrifiée par les personnages qu’elle voit en rêve, elle demande à son père « Suis-je folle ? » Il lui répond « Oui, complètement toquée, mais tous les gens bien le sont aussi ». C’est ainsi que commence le film. Ne devient pas fou qui veut, car la folie ça parle. Tim Burton nous fait rejoindre Alice treize ans plus tard quand son père est mort et que sa mère veut la marier conformément au regard terrifiant de l’aristocratie anglaise. Empotée et mal dans sa peau, Alice va-t-elle se soumettre à la pression sociale ? Que pourrait-on faire d’autre ? Le lord maniéré qu’on lui a destiné, parfaitement conforme au snobisme de son temps, lui demande, devant tout le monde, de l’épouser, c’est alors qu’Alice a l’inconvenance de proposer une minute de suspension. Comme nul ne l’ignore, le temps de l’inconscient est infiniment plastique et sa logique élastique. Une minute, cela suffit à Alice, comme à quiconque, pour passer dans la dimension du Réel. Ce passage au pays des merveilles lui permettra, comme après une analyse, de retrouver son « souffle vital », son objet petit a, sa « plussoyance » comme il est dit dans le film, c’est-à-dire la parole de son désir. Cette parole consiste à ne plus se soumettre sans parler à la conscience, à ne plus être la marionnette du désir de l’Autre, à savoir éviter les répétitions des interprétations malheureuses, et à savoir vaincre les inhibitions qui paralysent nos amours comme nos affaires.


Mais, comment entrer dans ce réel si fructueux de l’inconscient ? Comme le montre le film de Burton, on y entre en sautant dans un trou. Un lapsus c’est un trou dans le langage ou, comme il est dit dans l’histoire, « un terrier de lapin ». Quand, dans le film de Tim Burton, vous verrez Alice tomber dans le terrier du lapin n’oubliez pas qu’il s’agit d’une chute dans le langage. Ensuite, ce que Tim Burton a bien repéré, c’est que dans l’inconscient on se heurte d’abord à des résistances comme à des portes fermées. Puis, comme dans une réminiscence utérine, nous apercevons une toute petite porte que notre corps, bien trop gros, ne saurait franchir. Mais comme notre régression relève du stade oral on y trouve aussi des gâteaux qui font grandir (rappelons-nous qu’étymologiquement « placenta » signifie « galette »), et des boissons qui font rapetisser d’ailleurs toute boisson divise et dilue. Après quelques tâtonnements compréhensibles on trouvera notre bonne taille et la clé qui ouvre la porte du monde magique de l’inconscient. Lacan conclurait : « On ne franchit jamais qu’une porte à sa taille. »


Est-ce notre vrai moi ou notre faux moi qu’on trouve dans les rêves ? C’est cette question qui fait advenir « le sujet de l’inconscient », c’est-à-dire ici la vraie Alice, l’Alice parfaite. C’est écrit dans « l’Oraculum » (littéralement « la bouche qui parle ») que consultent les personnages du Wonderland. « L’Oraculum » dit que la vraie Alice vaincra le Grand Autre. En attendant, et selon les circonstances, Alice, comme tout le monde, se trouve soit trop grande soit trop petite, soit fausse et soit vraie.


Dans le système inconscient, le Wonderland, il y a d’abord le m’onde du ça (l’apostrophe sert à illustrer la plasticité chaotique du ça). C’est le Réel. Il est représenté par Alice, et ses jeux ou ses « je », d’où adviendra « le sujet de l’inconscient », (voir le schéma L de Lacan) (1). Wo es war soll ich werden, dit toujours Freud. Conformément à cette topologie le premier personnage que rencontre Alice sera donc naturellement la chenille Absolulem. Dans le mot chenille, en français, on entend chaîne. Chaînes et nœuds, constituent la topologie de l’inconscient selon Lacan. Une chenille ça fait des trous. Absolulem fait des ronds de fumée. Il fume pour montrer que tout se réduit à de la fumée. Comme le « ça », la chenille crache des lettres et chante les voyelles A, E, I, O, U, qui sont le souffle secret des choses. C’est ce qu’avait si bien figuré Walt Disney déjà en 1951 (on peut trouver l’extrait en question, « la chenille et Alice », sur internet.) Comme toutes les chenilles, Absolulem se transformera en papillon. Ce qui illustre que le « ça » va toujours par-delà comme le devenir. Que dit Absolulem à Alice ? Il lui dit que lorsqu’elle sera « la vraie Alice » elle libérera le système inconscient du joug totalitariste et pétrifiant du Jabberwocky, Grand Autre sacré au service du surmoi incarnée par la Reine Rouge. Il lui dit de ne pas se prendre la tête et de suivre « l’épée verpaline » du langage qui saura faire le travail à sa place. Autrement dit que la parole peut tout parce qu’elle devance tout. Il lui conseille ne « pense pas et laisse parler les mots ».

Dans la topologie de l’inconscient vient ensuite le cercle du moi, illustré par le chapelier fou et ses acolytes. Tout moi a toujours besoin, pour se présenter, d’un chapeau au sens propre ou au sens figuré. Aujourd’hui on a plutôt des cartes de visites, ou plutôt un e-mail. Tout chapeau est une sorte de face book. Le moi attend sur son site. Si fou soit-il, le moi est conservateur. Il représente les pulsions de conservations, disent les psychanalystes. Il attend depuis toujours assis à la même table, buvant le même thé, avec ses clones, le loir et le lièvre de mars, ses « petits autres » (les i de a). Le loir est l’aspect du moi qui dort toujours. Le lièvre de mars, représente l’aspect du moi toujours fatigué, fourbu comme un lièvre de mars. Il n’y a qu’à voir la tête que lui a faite Tim Burton. Sera-t-il moins fatigué et moins maladroit en avril ? En tout cas, ces trois représentants-représentatifs du moi passent le temps à tuer le temps en attendant le retour d’Alice, sujet de l’inconscient. On raconte que le chapelier fou était autrefois au service de la Reine Blanche (l’idéal du moi) mais le Jabberwocky de la Reine Rouge (le surmoi) a exterminé un jour toute sa famille de chapeliers. Depuis il ne sait plus vraiment guigandélirer, c’est-à-dire danser la danse du guigandélire. Pourtant, dans son délire le chapelier fou est le seul à croire que notre Alice est la vraie Alice qui redonnera son souffle vital, sa psyché, au système inconscient.


Le troisième cercle enchenillé de la topologie de l’inconscient est le surmoi, représenté par la Reine Rouge, ses avatars et ses clones polymorphes. Le surmoi représente les puissances d’interdiction et d’accusation devant lesquelles on se sent toujours coupables. Il suffit d’un rien, à la reine rouge, pour que sa colère explose et qu’elle ordonne : « qu’on lui coupe le cou », solution surmoïque à tous les problèmes. Un de ses clones est le valet de Cœur éborgné, maréchal, diplomate et ambitieux. La Reine Rouge commande à l’oiseau Jubjube, un avatar qui lui sert à se venger. Mais surtout elle détient l’arme absolue, le terrible Jabberwocky qui représente le Grand Autre invincible, le censeur qui culpabilise, accuse, terrorise et foudroie tout le monde. Sous le joug de la Reine Rouge tout le wonderland est donc déprimé comme un moi abandonné dans une forêt dangereuse. Heureusement, tout surmoi, dit la psychanalyse a inévitablement un double qu’on appelle l’idéal du moi. La Reine Rouge, la reine de cœur sans cœur, a donc une sœur cadette, la Reine Blanche qui rend tout joli et agréable grâce à des valeurs morales extrêmement pures, même si parfois elles frôlent le ridicule. Bien sûr, tout le monde préfère la Reine Blanche et pense en son for intérieur « A bas la maudite grosse tête de la Reine Rouge » Mais la Reine Rouge veille au grain et, de sa poigne hystérique, domine tout le système inconscient d’autant que des rumeurs rapportent qu’Alice est de retour et que selon la prophétie c’est elle qui tuera le Jabberwocky lors d’un jour « Frabieux » (formidable et fabuleux) en se faisant le champion de la Reine Blanche.


En tout ceci chacun pourra aisément reconnaître les méandres secrets de sa propre histoire. Même si on peut en faire des interprétations variées tous les personnages de Lewis Carroll représentent des concepts de la psychanalyse lacanienne. Dans l’inconscient le moi n’est que le mot a. Au-dessus du moi il y a le « sur mot a », avec son grand A sacré, figuré dans ce film par le terrible Jabberwocky. Ce grand Autre, comme la mort, terrorise tout le monde. « Jabber » signifie « jaboter », c’est-à-dire, clabauder, jacasser, invectiver, baragouiner, bavasser des mots et des idées incompréhensibles n’ayant d’autre but que de refouler, de dénier en chacun de nous, la parole libératrice du ça. Le grand A est ce qui nous écrase dans la parole imposée. C’est « le réservoir des signifiants » c’est pourquoi chacun de nous est sous l’emprise d’un Jabberwocky personnel dont il est en quelque sorte parlé. Notre Alice va réussir à tuer le Jabberwocky grâce à l’épée verpaline, c’est-à-dire tranchante comme le diamant coupeur. Cette épée représente la parole qui se libère d’elle-même. Ayant barré le grand A, Alice, forte du grand A barré, devient un être parlant et non plus parlé. Un être parlant c’est-à-dire sachant exprimer son désir, sachant y faire avec la réalité et ses fantasmes sans être une aliénée du conscient. Car, « il n’y a pas d’Autre de l’Autre ».


Dans le film de Tim Burton on rencontrera le Bandersnatch. Le Bandernatch est une grosse bête blanche avec des taches noires. Il a l’air effrayant. Il est des aspects du psychanalyste. Dans son nom il y a « bander » qui désigne la tension et « snatch » qui désigne la rapidité de la scansion, « la scansion du temps logique qui inclut le moment de comprendre ». C'est une créature d’abord sous le contrôle de la Reine Rouge jusqu'à ce qu’Alice lui redonne son œil et qu’il se mette au service de la Reine Blanche. C’est lui qui donne à Alice la clé permettant d’utiliser l’épée verpaline (la parole du ça) par laquelle elle vaincra le Jabberwocky. Son rôle démontre que c’est l’analysant qui est toujours l’agent et le héros de toute analyse.


L’oiseau Dodo fait partie de ces oiseaux qui n’ont pas besoin de voler. Les Dodo ne sont donc pas des voleurs. L’oiseau Dodo est psychologue. Concernant la course existentielle de la vie, il soutient « Derrière le miroir » cette remarque psychanalytique et apaisante : Chacun partant d’endroits différents pour arriver à des buts qui ne sont pas les mêmes, fait qu’au final de cette course « tout le monde a forcément gagné ! » Nul n’échappe au bonheur, où y aurait-il de la poussière ?

Le chat du Cheshire a le don de se rendre invisible. Il représente ce que la psychanalyse lacanienne appelle « l’autre jouissance », la jouissance infinie de la femme, jouissance invisible parce qu’elle n’a pas de limite. C’est lui qui fait passer la couronne de la Reine Rouge sur la tête de la Reine Blanche.


Les frères Tweedeldee et Tweedeldum représentent le sujet divisé ($). Ils contredisent continuellement Alice (S1) pour lui inculquer un doute paralysant, mais ça ne marche pas. Humpty Dumpty est un œuf qui soutient, comme Lacan, la nature purement conventionnelle du signe et du sens. Cela permet d’interpréter plus favorablement les mots que l’on entend.

Le lapin blanc est un aspect du ça. Comme Alice on doit toujours suivre son lapin blanc.

Le chien Bayard représente une autre figure du moi inconscient. Il est au service du surmoi parce que l’on tient sa famille en otage.

L’objet petit a, qui est l’objet même de la psychanalyse est appelé dans le film la plussoyance. La plussoyance ou « objet petit a », désigne la plus value. C’est un objet pulsionnel, exprimant notre plus de jouir, ne se réduit à aucun objet du monde mais articule la dialectique du désir dans l’incomplétude du langage. Tantôt Alice a perdu sa plussoyance, tantôt elle la retrouve.


On pourrait soutenir que le film de Tim Burton est une illustration des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (le Séminaire XI de Lacan). Mais le développement serait un peu trop long et trop technique On remarquera cependant qu’on y trouve

  1. 1) le monde de l’inconscient et son langage.

  2. 2) Le Transfert et ses transformations (quand on voit vraiment un lapin en gilet qui regarde sa montre en disant qu’il est en retard c’est qu’on transfère à l’extérieur un conflit refoulé)

  3. 3) la Répétition (qui n’est pas toujours la même)

  4. 4) La Pulsion (et ses destins : refoulement, retournement sur soi, renversement en son contraire et sublimation).

Ce film dévoile ce qu’est vraiment le « Alice de Lewis Carroll » à savoir : « le sujet de l’inconscient », concept impossible pour les philosophes, aussi impossible que le nihil negativum de Kant (le rien de négatif). Il faut être chinois pour penser que le rien précède les choses. Justement Tim Burton à la fin du film nous montre Alice s’embarquant pour la Chine.


Vous rétorquerez, certes, mais tout cela n’est que pour amuser les enfants. Je vous rappellerai alors ce que dit Lacan dès son premier séminaire : « Plus nous sommes proches de la psychanalyse amusante, plus c’est la véritable analyse »


Donc si vous ne l’avez pas encore vu allez voir le film de Tim Burton. Si vous l’avez déjà vu revoyez-le sous l’angle psychanalytique. Si vous n’avez pas encore lu Alice derrière le miroir, lisez-le comme une introduction à la psychanalyse lacanienne.


Un film qui a coûté 250 millions de dollars pour illustrer la psychanalyse lacanienne ne mériterait-il pas que son auteur, Tim Burton, soit honoré du premier prix de Psychanalyse lacanienne ? Je propose donc que notre modeste groupe de psychanalystes en prenne l’initiative. Ce serait un acte performatif. Est-ce que toutes les personnes de notre cartel sont d’accord ?

Quelle est la signification de ce prix ? Ce prix signifie que face à la culture autocratique du conscient il existe une autre culture, une authentique contre-culture qui est celle de l’inconscient de Freud et de Lacan, l’inconscient poétique.


À l’unanimité les psychanalystes du Cercle Psychanalytique de Paris ont décerné ce jour 29 avril 2010 au Café Clovis à Paris — 29 ans après la mort de Lacan — le premier prix de Psychanalyse Lacanienne à Tim Burton pour son film « Alice au pays des Merveilles »




(1) Le schéma L est « la construction topologique permettant de rendre compte du fonctionnement de la parole telle qu’elle ordonne la subjectivité de l’être parlant, selon deux axes symbolique et imaginaire, à partir du A défini comme lieu du langage » (Dictionnaire de la psychanalyse, Larousse, 2009)


   

Lecture de Télévision de Jacques Lacan

entrecroisée avec la « pensée chinoise »


Guy Massat

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