À propos de ce qu’il y a de chinois
dans les séminaires de Lacan
Guy Sizaret
À propos de ce qu’il y a de chinois
dans les séminaires de Lacan
Guy Sizaret
Le savoir du psychanalyste
04 novembre 1971
J'écrivis, lors de la parution aux éditions du Seuil du séminaire « ...Ou pire » de Jacques Lacan, que Jacques-Alain Miller ne pouvait pas se passer d'une pique à l'endroit des « meilleurs de ses élèves », en s 'armant du propos de Lacan lui-même.
Il s'agit de ceux qui se seraient cru en devoir de « lever le drapeau du non-savoir ».
En fait, Lacan n'évoque pas ses élèves et encore moins les meilleurs d'entre eux, mais parle simplement de ceux qui le suivent. Parmi lesquels, je cite :
Je ne sais quelle mouche les a piqués, une mouche littéraire bien sûr, des trucs qui traînent dans les écrits, de Georges Bataille par exemple, parce qu'autrement je ne pense pas que ça leur serait venu. Il s'agit du non-savoir.
Variantes de la cure-type (in Écrits, p. 358-359)
1955
Il convient de tempérer la formulation et l'allusion par un autre exemple : le non-savoir traîne dans les écrits de Jacques Lacan lui-même ! Très précisément dans l'article de 1955 paru dans Encyclopédie Médico Chirurgicale et intitulé « Variantes de la cure-type ».
Voici le texte développant le sous-titre « Ce que le psychanalyste doit savoir : ignorer ce qu'il sait » :
Le fruit positif de l'ignorance est le non-savoir qui n'est pas une négation du savoir, mais sa forme la plus élaborée. La formation du candidat ne saurait s'achever sans l'action du maître ou des maîtres qui le forment à ce non-savoir : faute de quoi il ne sera jamais qu'un robot d'analyste.
On ne saurait mieux brandir le drapeau du non-savoir !
C'est l'occasion d'une remarque : outre la référence à Nicolas de Cues et à l’ignorance docte, ne voit -on pas venir pour illustrer le propos, le 無知 wu zhi taoïste, qui n'est pas négation du savoir (不知) mais qui représente le savoir débarrassé de ses scories, soit réduit à son squelette formel.