1. I.Une introduction générale à la structure du Yijing  [3]

                                                                                           — son mouvement et son immobilité


Le Yijing est, dès son apparition, le texte le plus fondamental dans tous les domaines formant la culture chinoise : la philosophie, l’art, la médecine, la cosmologie, etc. Bien que, durant la Dynastie des Han, il y ait eu une dispute de fond du fait que quelques écoles soulignaient plutôt « quatre figures », tandis que d’autres « cinq formes » [4], mais incontestablement le Yijing reste justement le fondement de la pensée chinoise.

Pour le comprendre, il nous faut introduire point par point sa structure la plus fondamentale.

Essentiellement, dans le Yijing, il s’agit de deux processus : le mouvement et l’immobilité dans la philosophie chinoise.

Au début, il existe l’Un le plus grand « 太一, TaiYi » [5] qui signifie un état chaotique sans aucune séparation. Après la première séparation sous l’intervention du Tao, paraissent deux traits : Yin (--) et Yang (—). Si l’on opère la deuxième séparation en ajoutant un Yin ou Yang dans une deuxième ligne, on obtient quatre figures. Ensuite on obtient huit trigrammes. On peut alors continuer le même processus à l’infini. Ce moyen est appelé par les Chinois « plus un » [6].



Figure 1


Ci-dessus est présenté le mouvement du Yijing. Mais ce n’est pas tout. Il existe aussi un autre processus complémentaire, parce que le processus du mouvement n’est que celui de produire. Pour la nomination structurante et l’orientation locale, il est nécessaire de trouver une structure temporairement immobile. À tous les niveaux du mouvement, il existe toujours une structure immobile correspondante.


Au niveau des deux traits (两仪, Liangyi), c’est la structure des trois caractères (三才, Sancai) qui correspond à la fixation des deux traits. Pour sa fixation, il faut ajouter un troisième élément : le Vide médian (, Kong), qui d’une part signifie un élément tenant les deux autres ou le passage entre deux, et d’autre part signifie une chose qui s’en différencie. Les trois caractères s’expliquent toujours comme la trinité : Ciel-Terre-Homme. En même temps, la structure des trois caractères s’applique souvent au mot d’esprit ou à l’ambiguïté de la représentation. Ceci signifie que le sujet se situe en position du Vide pour jouer de deux sens, au moins, du signifiant. C’est justement ce que Lacan a formulé dans la division de sujet [7].

C’est ainsi que les trois caractères sont la structure la plus originaire, comme Laozi dit dans Daodejing :

De la voie (Tao) naquit un. D’un deux. Et de deux trois. Trois engendrant dix mille. [8]

À ce niveau, il existe une figure correspondante : celle des deux poissons « Yin-Yang ». En fait, celle-ci a la même structure que celle de mœbienne. Mais parce qu’il s’agit de la définition du Tao  (tao comme le point à l’infini ou point compact, ce que je vais démontrer dans le chapitre suivant. En effet, ce qu’il reflète c’est la mutualité des deux éléments qui s’engendrent et se contraignent mutuellement. Instinctivement ceci correspond à la figure 3. De plus, il désigne le mouvement du Tao qui fonctionne comme une circulation.     

   

                 
   

  Figure 2                                     Figure 3


Au niveau des quatre figures (四象Sixiang, c’est la structure des cinq formes (五行Wuxingqui correspond à la fixation des quatre figures. Pour sa fixation, il faut également ajouter un Vide se situant au milieu. Ce couple trouve son application dans les directions spatiales et en particulier dans la médecine. Par exemple : les parties du corps peuvent être classifiées selon cinq qualités : le métal, le bois, l’eau, le feu, la terre.



Figure 4


La figure des cinq formes est aussi celle de la monnaie ancienne en Chine.

Au niveau des huit trigrammes (八卦Bagua), en suivant le même processus, on va obtenir une structure de neuf palais (九宫Jiugong). Ce couple est le plus courant et le plus connu, il est toujours considéré comme l’équivalence de la logique du Yijing. Il trouve son application dans tous les domaines, surtout celui de la prédiction.



Figure 5


Le processus du mouvement va aller jusqu’à l’infini. Mais la structure ne change pas. Par exemple : au niveau de 64 hexagrammes :


  
 

Figure 6             


Maintenant, il est aisé de comprendre l’appellation de l’empereur comme la position Neuf-Cinq du fait que le neuf correspond au Vide médian des huit trigrammes, et que le cinq correspond au Vide médian des quatre figures, ceux-ci représentent les postes centraux qui fixent la structure et à la fois construisent le passage entre tous les autres éléments.

Mais une telle introduction ne soulève pas moins de problèmes du fait que le Yin-Yang est souvent incarné plutôt au niveau de la fonction ou de la catégorie qu’au niveau de l’élément. De plus, le Yin-Yang est quelquefois pris comme une manifestation d’une seule chose : le Qi, Souffle () [9]. En réalité, il s’agit là de la façon dont le Yin-Yang s’inscrit dans le registre de la lettre. Au niveau de l’élément, le Yin-Yang se trouve davantage dans une structure discontinue, et ce sont les éléments qui forment la structure. Au niveau de la fonction, ou dans la mesure où les deux sont une seule chose, le Yin-Yang est davantage dans une structure continue, et c’est la fonction qui décide des éléments.




Ⅱ. Le Yijing et la structure de Lacan


.1. La structure : continuité ou discontinuité

Très tôt, Lacan prend la structure topologique, par exemple les surfaces compactes, pour penser la structure de l’inconscient et son effet subjectif du fait que, d’une part, les paroles dans l’association libre ne soient pas linéaires dès la première inscription, et d’autre part, du fait que le signifiant, à cause de son ambiguïté intrinsèque, n’indique qu’un voisinage qui est antérieur à la métonymie et la métaphore.

En même temps, Lacan s’appuie aussi sur la structure discontinue ou discrète, par exemple la théorie des ensembles et la logique mathématique pour éclairer l’effet subjectif dans la suite signifiante.

Bien que les deux façons de penser se distinguent apparemment de leurs extensions : l’une correspondant à la continuité, et l’autre à la discontinuité. Mais, en se référant aux travaux de Lacan, on trouvera que celles-ci se conditionnent mutuellement.

D’une part, ce que Lacan veut orienter dans la suite signifiante c’est toujours ses incidences multidimensionnelles sur le sujet. Ce qui intéresse Lacan dans la théorie des ensembles se situe non seulement sur l’inscription du sujet dans le trait unaire, mais aussi sur le manque impliqué dans une autre dimension qui se présente au niveau de sous-ensembles [10] [11]. Par conséquent, le sujet erre par rapport à ce champ de sous-ensembles qui est, par définition, un voisinage. Par ailleurs, Lacan, pour formuler la logique de la sexualité du sujet, intrique l’idée du logicien intuitionniste, qui se passe du tiers exclu [12], et celle de la logique modale qui admet la possibilité de coexistence du monde possible dans la sémantique. D’une certaine manière, ils ont déjà formé certaines catégories spatiales de la continuité [13].

D’autre part, quand Lacan introduit le « Sinthome » comme la quatrième dimension pour séparer les trois autres dimensions, d’une certaine manière, l’orientation de l’espace topologique se transforme en celle de l’espace fonctionnel. Certainement, un espace fonctionnel ainsi formé nous renvoie encore une fois à la théorie des ensembles. De même, pour le cross-cap, c’est parce que la coupure de double boucle est incessante que l’objet a devient un résultat incalculable.

En ce sens, la vraie problématique tien au fait que les différentes écritures amènent différents effets subjectifs selon ses modalités de l’inscription. La lettre dans l’écriture est non seulement l’effet du discours, mais fonctionne aussi comme l’enjeu pour gagner l’existence du discours [14].

L’écriture dans la logique classique ou la théorie des ensembles, en quête de consistance, rencontre le Réel comme l’impossibilité dans l’après-coup. Comme Lacan dit : « L’effet du langage est rétroactif, précisément en ceci que c’est à mesure de son développement qu’il manifeste ce qu’il est de manque à être [15] ». Le Réel comme l’effet rétrograde n’arrive qu’à être approché par une série des symboles représentant l’infini.

L’écriture de la topologie, sous la forme de l’espace ouvert, arrive à intégrer dans un système de voisinages toutes les causalités et par la suite laisse l’impossible ou le paradoxal dans la logique se transformer comme la modalité possible. « Fonction vraiment miraculeuse, à voir, de la surface même surgissant d'un point opaque de cet étrange être, se dessiner la trace de ces écrits, où saisir les limites, les points d'impasse, de sans-issue, qui montrent le Réel accédant au Symbolique. [16] » Un objet que le langage n’arrive jamais à atteindre peut se mettre au centre du nœud borroméen sous la forme du Semblant pour construire le point de jouissance. Par conséquent, la signification du signifiant changera à partir d’un « néant » vers un espace du sens. Le Réel, le premier voisinage, se présente comme Un qui recouvre toute l’activité de l’être parlant [17].

Le meilleur exemple c’est la définition du signifiant : d’une part, au sens de la structure discontinue, un signifiant qui ne peut pas se signifier se définit seulement par rapport à un autre signifiant, soit deux signifiants forment la structure. D’autre part, au sens où l’ambiguïté intrinsèque du signifiant a au moins deux sens, un seul signifiant forme un voisinage, soit une structure.

Ces deux sortes d’écritures se distinguent non seulement dans leurs façons de toucher le Réel, mais aussi elles se conditionnent mutuellement.

D’une part, dans le domaine psychanalytique, un voisinage indique non seulement une structure continue, mais aussi une trace jouissante cernée par le signifiant. C’est pour cette raison que la quantification de la jouissance nous renvoie à une structure discontinue. Un en tant que Réel provoque le « blabla » de la parole et la formation du désir, et est ensuite pris partiellement par la parole au niveau de la jouissance et donc pris comme un opérateur quantitatif. Mais le Réel en tant que la vraie ex-istence reste toujours hors de la saisie par n’importe quelle opération. Un en tant que le premier voisinage [18] devient un infini dans la structure discontinue.

D’autre part, Le Réel en tant que l’infini ou le point à l’infini implique une existence de l’état parfait qui attire toutes les paroles. Toutes les jouissances indiquent l’ex-istence d’une jouissance originaire illimitée. En termes topologiques, c’est à cause de l’existence du « sous-recouvrement » fini qu’un recouvrement complet est impliqué.

Cette interdépendance existe tant dans le discours de Lacan que dans le discours mathématique, par exemple dans la topologie ensembliste.

 

Par rapport au signifiant, quand deux signifiants forment une structure mœbienne, il existe déjà un voisinage [19]. Quand un seul signifiant forme un voisinage, il indique aussi qu’il y a une possibilité de faire la coupure. À savoir : une structure discontinue du signifiant implique celle du discontinu, et inversement. Avant l’introduction de la notion de voisinage, Lacan a déjà montré ce dialogue entre la continuité et la discontinuité. Par exemple : figure 7.


             Figure 7 [20]


Mais, il nous pose aussi le problème suivant. Pour opérer le passage de la structure discontinue à celle continue, il faut l’intervention de l’Imaginaire qui considère les deux éléments comme un seul dans l’opération de l’espace quotient [21]. Dans la théorie des ensembles, le nombre cardinal de l’infini dépend de la « correspondance biunivoque » qui considère illusoirement que chaque suite infinie peut être comptée. C’est à l’aide de la lettre représentant l’infini que le Réel est imaginairement atteignable. À savoir : pour la structure discontinue, l’opération de la lettre arrive à représenter imaginairement un Réel. La lettre a intriqué RSI.

Il en est de même pour le passage de la structure continue à celle discontinue. Par exemple, la coupure de Dedekind dépend aussi du rapprochement imaginaire pour faire tomber des éléments. Par rapport à la notion de voisinage en topologie, un voisinage implique l’imagination dans laquelle un point est donné équivalent à d’autres points voisins [22].

Au sens psychanalytique, Un en tant que signifiant concerne à la fois le unien dans le Réel et le trait unaire dans le Symbolique. Du même coup, il faut l’identité imaginaire [23] pour tenir les deux en tant que quand le fantasme construit l’objet perdu comme l’objet partiel.

   

En ce qui concerne le Yijing, il existe deux écoles qui divergent selon qu’elles mettent l’accent sur la forme (象数 XiangShu) ou sur le contenu (义理 YiLi). L’expression de XiangShu, qui signifie littéralement l’algèbre de l’image ou de la représentation, indique aussi l’ambiguïté entre algèbre et géométrie [24]. En réalité, on s’aperçoit que les huit trigrammes sont une formation spatiale combinée avec des repères discrets, ou une suite discontinue, mais sous forme spatiale.

Il semble qu’il n’existe pas une coupure manifeste entre l’image et le nombre dans le Yijing. Les deux systèmes sont plutôt en continuité, d’où un système algébrique pur comme la théorie classique des ensembles n’apparaît pas dans la mathématique chinoise ancienne. Un tel fait est différent de la dispute grande entre la géométrie et l’algèbre existant dans l’histoire de la mathématique européenne. Mais il ne faut pas oublier l’interdépendance entre les deux systèmes dans la mathématique moderne. En topologie, la définition de l’espace, y compris celle de la dimension, dépend aussi du système du nombre. On peut imaginer que le système du nombre est mis au plongement dans l’espace, et que, au contraire dans la définition de l’espace fonctionnel, l’espace est mis au plongement dans le système du nombre.

Une telle ambiguïté se montre aussi au niveau du langage naturel : selon le point de vue de la psychanalyste Huo Datong, le système de l’image et celui de la voix se croisent mutuellement dans l’écriture chinoise [25]. Bien que les caractères chinois soient combinés par les traits abstraits du pinceau, mais c’est la structure et le centre de gravité de chaque caractère analogue une forme géométrique qui décide son propre esthétique dans la calligraphie.


Au sens psychanalytique, dans quel Réel nous nous engageons par l’écriture Yijing comportant intrinsèquement l’ambiguïté? Si, comme l’indique Lacan, l’inconscient est un rêve d’attraper le Réel, il est de même pour le conscient, leur distinction ne s’appuie que sur leurs façons à rencontrer le Réel. Il est de même pour le couple l’algèbre—géométrie. La structure de Yijing nous montre bien l’ambiguïté entre deux façons et leur continuité relative.

Mais à propos de ce que ce texte va aborder, je me limite en principe aux structures topologiques de Lacan, du fait que, dans la perspective de l’intuition formelle de la structure, les intrications mutuelles des dimensions RSI de Lacan sont plus faciles à se représenter dans l’espace topologique que dans la structure discontinue dont les dimensions sont intrinsèquement liées. Il en va de même pour Yijing, dont la plupart des utilisations concernent une catégorie spatiale.

        


Ⅱ. 2. Huit trigrammes et la bande de Mœbius



Figure 8


Effectivement, si l’on considère les huit trigrammes comme une paire binaire, on voit que ceux-ci représentent deux processus : le premier, 111→011→101→001→000, le deuxième, 000→100→010→110→111. À savoir deux processus complémentaires, l’un diminuant progressivement et l’autre augmentant progressivement (figure 8).

Que nous considérons la ligne 000→111 ou celle 111→000 comme la ligne continue et la paire binaire comme repères, le processus d’évolution infinie correspond au prolongement de la droite réelle.

À quel niveau que ce soit, il montre toujours la même structure. Par la définition mathématique qui met en équivalence la droite réelle avec l’interrégion [0,1], on arrive à décrire la structure immobile à tous les niveaux comme la structure suivante : [0→1,1→0]. Ceci est justement la définition de la structure mœbienne dans la théorie de la matrice comme [0,1]×[0,1].

De même, si l’on dessine la ligne de 000 à 111 selon sa propre suite ordinale, et que l’on fait ensuite retourner cette ligne vers 000, on va voir tout de suite la structure mœbienne au niveau schématique. (Figure 8).

On voit que le processus du mouvement comme « plus un » dans le Yijing correspond à la structure discontinue. Son propre Réel est représenté par l’infini. Celui de l’immobile correspondant à la structure continue est à considérer comme une manifestation de l’« Un » aux multiples niveaux.

  


.3. Huit trigrammes et le cross-cap

Dans l’Identification, Lacan, pour mieux démontrer les effets du signifiant sur la subjectivité et éclairer la naissance du sujet et la fonction de l’objet dans le fantasme, prend une autre surface topologique : le cross-cap, qui est à considérer comme l’équivalence du plan projectif.

Sa structure se montre dans un plan de quatre dimensions comme suit :


Figure 9 [26]


Si l’on opère une coupure de double boucle le long de l’axe virtuel, on obtient deux parties : l’une est la bande de Mœbius qui est spéculaire du fait de son caractère chiral, l’autre est non-spéculaire qui est l’objet a. La désorientation de l’objet a fait qu’il n’apparaît jamais entier. On ne le revit que sous la forme morcelée ou partielle dans la pulsion, et ensuite on le méconnaît dans le fantasme. Mais dans le fantasme, il est impossible de retrouver l’Un, et ensuite la coupure continue jusqu’à l’infini, et l’infinité des objets fantasmatiques se poursuit.


Dans les huit trigrammes, selon le principe le plus fondamental que les éléments opposés, quels qu’ils soient, s’engendrent et se conditionnent mutuellement, on voit que les huit trigrammes, ont la même structure que le cross-cap à condition que la ligne soit continue.



Figure 10


En effet, les huit trigrammes impliquent déjà un vide central que d’autres éléments cernent. Mais pour faire opérer le Vide activement dans la pratique logique, par exemple dans la prédiction, les huit trigrammes deviennent obligatoirement neuf palais dans lesquels le vide fonctionne comme un élément central et partiellement orientable.

« Huit trigrammes-neuf palais » sont utilisés le plus souvent dans les sciences naturelles en Chine ainsi que dans la vie courante. Par exemple, dans l’acte de prédiction, on cherche à orienter quelques parties locales par des signifiants, surtout le moment de la demande ou la date et le temps de la naissance, pour prévoir l’avenir. Dans ce processus, la globalité ou l’intégralité est d’emblée refusée, il ne vient que des parties locales de la structure. Ce que les neuf palais, comme un ensemble des parties sans la globalité, reflètent c’est justement l’essentiel de la structure topologique.



Ⅱ.4. Huit trigrammes et le nœud borroméen


                       Figure 11 [27]


Selon le principe que les deux éléments opposés forment une ligne sans points ou la structure mœbienne, les huit trigrammes sont à considérer comme une surface compacte à quatre dimensions, soit quatre lignes sans points. Ceci correspond justement au nœud borroméen à quatre dimensions (Figure 11). De même, avec l’augmentation du nombre cardinal, les dimensions peuvent aller jusqu’à l’infini.

     

Enfin, pour un espace compacté par le signifiant du phallus, le plus ou moins de la dimension ne signifie pas un changement de structure, mais une différence dans le domaine de la représentation selon le moment du sujet inscrit dans la coupure. C’est-à-dire : quelle que soit la dimension que nous détachions d’un espace compact dans l’imagination, il reste la même structure. Les huit trigrammes, d’une façon nouvelle, nous aident à comprendre l’équivalence entre les différentes approches psychanalytiques de Lacan en topologie : soit la bande de Mœbius, le cross-cap et le nœud borroméen.

Il s’agit aussi de la problématique de la lettre. Au niveau de la structure continue, la variété elle-même constitue un voisinage ou un système des voisinages, ses dimensions intrinsèques fonctionnent comme une variante sous le fond d’une invariance qui est à comprendre comme « la coordonnée mobile ». Au contraire, au niveau de la structure discontinue, la structuralité de la variété se présente dans la suite du nombre cardinal de ces dimensions qui va aller jusqu’à l’infini, et par conséquent implique une autre invariance, comme ce que Lacan montre de « plus un » par rapport à l’Un-en-plus. Par conséquent, les Réels que la lettre oriente selon les différentes écritures s’emboîtent comme la chaîne ou comme le réseau. Ceci est justement ce que le Yijing montre dans deux processus.



Ⅱ.5. L’extrinsèque et l’intrinsèque

En réalité, que nous considérons un vide ou un trou formé extrinsèquement par la variété en topologie est déjà dans l’opération artificielle qui la met dans un espace à des dimensions hautes. La variété même analogue au signifiant n’a pas affaire avec l’objet. C’est la dimension du sujet qui rend cette opération possible. Le langage est moins un outil du sujet que l’engagement de l’existence du sujet dont le pari est l’objet a. En ce sens, l’espace impliqué extrinsèquement par le signifiant est à considérer comme un espace subjectif qui se différencie de l’espace intrinsèque du signifiant. Lalangue en tant que le corps du Symbolique fait la structure subjective s’installer sur la borde portant la jouissance. « le symbolique tourne en rond autour d'un trou inviolable, sans quoi le nœud des trois ne serait pas borroméen. Car c'est ça que ça veut dire le nœud borroméen, c'est que le trou, le trou du symbolique est inviolable [28] ». Par conséquent, la topologie de Lacan qui est vraisemblablement différente de celle de topologue, fait indispensablement la structure intrinsèque de l’espace « objectivée » extrinsèquement.

  

De même, que nous enregistrons la structure dans la représentation ou l’image n’implique qu’une opération extrinsèque à la structure. Largement dit, la représentation, l’objet, l’espace, même le nombre, ces notions ne construisent que d’une certaine manière l’extrinsèque de la structure même. La structure en tant que le Réel ex-iste dans les catégories mathématiques. Lacan est profondément conscient que « la lettre ne fait en l’occasion que témoigner de l’intrusion d’une écriture comme autre, avec un petit a » [29]. Le sujet de la science cherche l’éclat de l’objet a dans les objets mathématiques [30], mais, du fait de la division du sujet, le sujet de l’énonciation ne peut jamais être pris intrinsèquement dans les énoncés.


Mais, en d’autres termes, la structuralité de la structure se présente partiellement dans ces catégories. Du coup, la bande de Mœbius ne représente qu’un objet possible de la structure même. En même temps, ce n’est pas n’importe quelle image ou représentation qui est en mesure de représenter la structure. Ce qu’on a besoin de chercher c’est sa propre démonstration constructive.




.6. La figure des deux poissons Yin-Yang

Maintenant, c’est le moment de revenir à une autre figure célèbre qui apparaît sur la porte de l’École de Copenhague dirigée par Niels Bohr. Apparemment, on ne trouve pas de point commun avec la topologie. Pour le comprendre, il est nécessaire d’introduire la géométrie projective, dans laquelle un point à l’infini, appelé par Lacan « point hors ligne », est à considérer comme la croisée de deux lignes parallèles, bien que toutes deux ne soient que les parties locales d’un cercle ou d’une ligne projective, appelée par Lacan « ligne sans points ». C’est ainsi que le point hors ligne est celui de compact de ce cercle asphérique.


Figure 12


Mais, il semble que chaque ligne parallèle correspond d’une certaine manière à un point hors ligne dans la projection plane. À savoir, un point hors ligne est détaché imaginairement dans un plan à deux points.

      

Figure 13 


Pour progresser sur ce sujet, il me semble utile d’introduire le Schéma R de Lacan qui indique que « Mimi » forme une bande de Mœbius [31].


Figure 14

Prenant le point à l’infini comme un élément constitutif, on est en mesure de voir [32] la Figure 15.


Figure 15


En ce sens, le signifiant du phallus en tant que Un comporte intrinsèquement l’ambiguïté entre le phallus imaginaire et le phallus symbolique. Sur la borde de la bande de Mœbius, il présente quatre lettres. Lacan voit la bande de Mœbius comme le sujet dont l’être est troué, et l’espace cerné ou coupé par la bande de Mœbius comme l’objet a dont la fonction est quelques fois décrite comme l’enveloppe formelle [33]. On peut ainsi dire que l’objet a construit l’espace originaire du sujet dans lequel multiples objets sont assemblés par le sujet pour construire son désir.

Du fait de l’anisotrope de l’espace, les objets fantasmatiques ont, relativement, des fonctions différentes du fait de leur position locale dans la structure, par exemple la différence entre l’objet de la demande et l’objet de l’identification symbolique [34]. Du coup, les objets partagent l’ambiguïté envoyée par le signifiant.

Dans le schéma R, « Mimi » ne signifie pas quatre objets, mais les repères locaux de la fonction de l’objet. C’est-à-dire, à un moment donné, à partir d’un objet fantasmatique, on arrive à construire quelques appareils pour designer la multidimensionnalité de l’objet [35]. Il n’existe essentiellement qu’un seul espace [36]. Les deux espaces opposés au niveau de la figure n’indiquent que les dimensions intrinsèques. Freud l’appelle « l’ambivalence de l’objet ». Lacan trouve aussi que le sujet a toujours deux possibilités d’aliénation par un objet fantasmatique.

En ce sens, nous pouvons rapprocher la partie passagère de l’espace au lieu de l’objet a, qui permet à l’objet fantasmatique de recouvrir deux espaces apparemment opposés. Mais parce que quelconque partie de cette ligne est en mesure de construire la partie passagère dans l’ordre temporel ou symptomatique, la Figure 16 n’est qu’une fixation imaginaire sur le plan de l’intuition [37].


Figure 16


Ensuite, il faut remarquer que la structure mœbienne même n’est qu’une surface à deux dimensions du point de vue intrinsèque. Il est lui-même un espace. Sa mise à plat ne se fait que dans un espace à trois dimensions. En termes topologiques, elle est plongée extrinsèquement dans un espace aux dimensions hautes qui est moins l’espace imaginaire standard qu’un produit du plongement structural. Mais à cause de l’ouverture du corps, le sujet associe cet espace à trois dimensions à l’espace de la perception à trois dimensions pour établir l’espace de la jouissance de l’Autre. En ce sens, la structure mœbienne est saisie extrinsèquement par le sujet pour tenir la Chose par le biais du signifiant.

On peut considérer que cette opération n’a lieu que dans la mesure où la troisième dimension ajoutée arrive à permettre l’étalement de deux dimensions de la structure mœbienne dans l’espace, ou bien cette troisième dimension fonctionne comme une équivalence de l’espace.

L’objet a en tant que l’espace subjectif, d’une part, représente la troisième dimension par laquelle le sujet vise au Réel. D’autre part, du fait que l’inscription du sujet ne se fait que dans l’ordre du signifiant, l’espace intrique indispensablement les deux dimensions intrinsèques du signifiant. Par ailleurs, quand Lacan appelle l’objet a le Vide coupé par le signifiant, on en arrive à considérer le Vide comme l’espace subjectif même, parce que ce qu’une surface coupe n’est qu’un espace aux dimensions hautes [38].

Mais dans le cas extrême où l’objet réel apparaît comme le déchet, le sujet n’arrive pas à trouver son pivot de jouissance et graver la valeur signifiante sur l’objet, le sujet va se perdre, comme la mélancolie perd l’objet du désir et sa propre existence. Il n’existe que l’objet réel comme une substance à une dimension [39].

Donc, la fixation imaginaire de la partie passagère de l’espace permet non seulement, du fait qu’il sépare illusoirement l’espace en deux parties, de construire l’ambiguïté du signifiant, mais aussi de construire l’espace même en tant que la troisième dimension car il arrive à être considéré illusoirement comme la partie comprenant le point compact [40]. En d’autres termes, il n‘y a que la partie passagère qui peut réaliser la tridimensionnalité dans la représentation de l’espace.

Par conséquent, en se référant à l‘espace de la représentation du nœud, Lacan prend l’objet a comme le nouage des trois dimensions [41].


Figure 17


Nous pouvons aussi introduire une autre représentation spatiale de la structure mœbienne : soit la mise à plat de la bande de Mœbius par laquelle Lacan désigne la division entre le sujet et le savoir sexuel dans Les problèmes cruciaux pour la psychanalyse [42].


   

Figure 18      

              

Si l’on repère chacune des surfaces de la bande de Mœbius par le numéro selon qu’elle soit en dessus ou au dessous, par rapport à d’autres surfaces voisines, la surface I est définie comme 11, sa surface inverse est donc 00. Maintenant, si l’on dessine une ligne à partir de n’importe quelle surface, soit une coupure, on obtient la suite : 11→10→00→00→01→11. Par rapport à une autre représentation plane de la structure mœbienne (figure 15), on trouve que la surface Ⅲ (01-10) fonde la partie passagère dont l’essentiel est illusoire.

Dans le plan, la partie passagère (01-10) peut aussi bien être détachée avec deux parties apparemment séparées : 01 et 10. 01, en tant que l’objet de la fonction du phallus imaginaire, désigne d’abord le trait de manque (0) et dans un deuxième temps un surcroît (1) symbolique. En revanche, 10, en tant que l’objet de la fonction du phallus symbolique, désigne d’abord le trait de surcroît (1) et dans un deuxième temps un manque correspondant [43].

De la même façon, on peut repérer la figure des deux poissons selon la figure 19. Il s’avère que « le noir dans le blanc » ou 01, avec « le blanc dans le noir » ou 10, construit une partie passagère. Instinctivement, la figure des deux poissons reflète l’échangeable entre le noir et le blanc.


Figure 19

Également dans le schéma des deux poissons, l’objet a comme 01-10 est détaché avec deux parties. Ceci indique exactement que la fonction Yin correspond à l’objet Yang, et inversement. Si l’on considère la fonction Yang comme le phallus symbolique, et la fonction Yin comme le phallus imaginaire, alors la fonction Yin est conditionnée par l’objet Yang représentant la fonction Yang. En effet, il s’agit là de la localité ou de la chiralité [44] de la structure topologique [45]. Certainement, la fonction Yin-Yang est par définition relative.

    

Renvoyant à la figure de La lettre volée, on constate qu’elle, correspondant au Schéma L de Lacan, est aussi la même structure que le Yijing et la structure mœbienne. C'est-à-dire que quelle que soit la façon dont nous capturons ces signifiants aléatoires, il apparaîtra toujours une structure similaire dans laquelle il existe une partie passagère 01-10 ou 101-101.


    
  

Figure 20 [46]





Ⅲ.Conclusion


Ⅲ. 1. Phallus : le point hors ligne ou la ligne sans points ?

D’abord, il me semble utile d’éclairer la dialectique entre la ligne projective et le point à l’infini en géométrie. Une droite ne se forme en ligne projective qu’à condition qu’un point à l’infini soit additionné. Une fois la ligne projective ayant été formée, il n’existe pas de différence entre le point à l’infini et quelconque point de la ligne. C’est-à-dire que quelconque point arrive à être considéré comme l’ersatz du point à l’infini. En ce sens, on peut dire que le point à l’infini existe dans la structure d’une certaine manière, ou qu’il n’existe pas d’une autre manière.

En termes topologiques, le point originaire à l’infini se transforme en un ou plutôt en une série de points de convergence ou d’accumulation [47]. La compacité de l’espace se démontre par une série de points compacts dans les parties locales de l’espace. Du même coup, l’existence de ces points compacts garantie apparemment l’existence d’un point originaire de convergence. Dans le paradoxe de Zénon, c’est parce que la position de la tortue construit une série de points inaccessibles qu’il semble bien exister un point construisant le premier voisinage.

Renvoyant au signifiant du phallus largement fabriqué et développé par Lacan, on trouve la même ambiguïté entre le point hors ligne et la ligne sans points. Dans le séminaire Identification, Lacan prend le « cross-cap » comme la structure pour expliquer la naissance du sujet et sa propre perte. La coupure, autour du phallus en tant que point hors ligne, fait surgir deux parties : le sujet comme la bande de Mœbius, et l’objet a comme la partie perdue du sujet.

Mais, après la naissance du sujet, le sujet se transforme du produit du signifiant en « agent » du signifiant, et ensuite s’engage dans l’ordre du fantasme et de la jouissance. Le phallus devient le signifiant du désir et de la jouissance. Comme dans l’Étourdit [48], Lacan considère le phallus comme la bande de Mœbius, soit la ligne sans points.

C'est-à-dire que d’une part, le phallus en tant que point à l’infini organise la coupure du signifiant, et fait apparaître le sujet. D’autre part, une fois que le sujet surgit comme la bande de Mœbius, il va éprouver l’éclat du phallus dans l’objet partiel. Le phallus devient la structure même. Mais, ce n’est pas un quelconque objet qui pourrait représenter le phallus, il n’existe pas l’objet phallique, mais des objets fantasmatiques qui ont une certaine valeur phallique [49].

Lacan, dans la définition de l’espace psychique comme topologique, ne se fige pas dans un des deux aspects, mais joue de l’ambiguïté entre les deux. Par exemple, la jouissance phallique est d’une part une jouissance en normalité, mais d’autre part il désigne aussi l’impossibilité d’obtenir la jouissance entière du fait de l’inaccessibilité du phallus comme point hors ligne. Comme Lacan l’indique : « Le seul réel qui vérifie quoi que ce soit c’est le phallus, en tant que j’ai dit tout à l’heure de quoi le phallus est le support » [50]. Ou bien, « s’il y a quelque chose qui caractérise le phallus, ce n’est pas d’être le signifiant du manque, comme certains ont cru pouvoir entendre certaines de mes paroles, mais d’être assurément en tout cas ce dont ne sort aucune parole » [51].

À ce titre, le Réel chez Lacan a des sens relativement différents. L’un se manifeste dans l’impossibilité d’avoir le phallus. Par exemple, le fétichiste fantasme d’avoir le phallus sous la forme du fétiche, l’obsessionnel suppose que l’Autre a le phallus. L’autre, au sens structural, se manifeste dans l’impossible d’avoir tout objet, ou d’arriver à parcourir pleinement la structure. À ce niveau, comme Lacan l’indique, la structure est dans le Réel.

De même, la dimension réelle du signifiant phallus implique nécessairement l’ambiguïté entre le phallus symbolique et le phallus imaginaire au niveau du fantasme. Celui-ci conserve illusoirement un objet comme l’équivalence du phallus, l’objet devient entièrement un tout. Celui-là prend un objet comme ayant partiellement la fonction du phallus dans le glissement du signifiant. L’objet devient un pas-tout. Le mythe du père primitif de la horde nous enseigne bien que les fils ne prennent que quelques parties du père pour avoir le pouvoir de l’Autre.

Du même coup, cette ambiguïté concerne un effet symptomatique : soit le désir du sujet oriente une illusion « pré-structurale » sous la forme du sujet acéphale, soit le sujet s’aliène dans deux termes de la structure fantasmatique.

Ici, il n’existe pas moins de problèmes à voir les deux dimensions de l’espace au sens épistémologique comme le Symbolique et l’Imaginaire qui appartiennent plutôt à la catégorie « totalité-partialité » ou « glissement ou fixation ». En réalité, comme Lacan définit aussi le Symbolique et l’Imaginaire comme la différence et l’identité, ce qui a de l’importance c’est que le signifiant, qui est intrinsèquement ambigu au niveau significatif ou qui n’arrive pas à se signifier, comporte au moins deux dimensions liées mutuellement qui sont relativement libres de ses dénominations.

Mais, ce qui est remarquable c’est que quelque soit l’opposé, « totalité-partialité » ou « glissement ou fixation », tous les couples concernent obligatoirement une autre dimension : le Réel. C’est du fait de sa propre inaccessibilité que le sujet fantasme à chercher sa propre existence et jouissance de différentes façons : la fixation faute ou le glissement infini [52].


En revenant à l’opposition « continuité-discontinuité », nous trouvons que la dénomination géniale de Lacan, le point hors ligne comme le point à l’infini et la ligne sans points comme la ligne projective, aussi comportent l’ambiguïté entre les deux. Le point hors ligne indique un point incapable d’être compté dans la structure discontinue. La ligne sans points montre justement la définition du voisinage. On peut ainsi dire que, par rapport à l’opposition pré-structure—structure, du fait de la non-calculabilité du phallus, il devient une structure continue, soit un voisinage.


Ⅲ. 2. Tao : Tao du Ciel, Tao de l’Homme ?

Tao a deux sens essentiels : l’un celui du Dire, et celui de la Voie [53]. Mais dans l’histoire de la pensée chinoise, les interprétations du Tao ne sont pas moins divergentes.

D’une part, en tant que mesure originaire, il sépare les deux éléments Yin-Yang, ou en tant que la fonction ou le mouvement, il a deux dimensions Yin-Yang.

Un quelque chose était, non défini mais accompli. Né avant Ciel et Terre. Sans parole comme sans borne. Indépendant inaltérable. Se jouant partout sans fatigue. En somme la Mère du monde. Ne sachant pas son nom, je le dénomme Voie (Tao). [54]

Toutes les fonctions (ou bien éléments) ne sont que ses représentants locaux. Mais il ne peut être représenté par n’importe quelle fonction. Il est innommable. « La Voie (Tao) qui peut s’énoncer n’est pas la Voie pour toujours. Le nom qui peut la nommer n’est pas le nom pour toujours » [55]. À savoir, il est l’au-delà de toutes les fonctions.

Mais, d’autre part, après Laozi, quelques écoles soulignent que Tao n’est pas une chose mystique et incompréhensible. (« Il existe trois milles façons d‘entrevoir Tao », « Tao existe dans ce purin » [56], et les « Tao » au sens de l’objet partiel : Tao du thé, Tao de la cuisine, Tao du lettré, etc.). Donc, Tao, au sens de la Voie, devient le mouvement même. « Ce qui doit faire apparaître tantôt l’obscur (--) et tantôt le lumineux est la Voie (Tao) » [57]. C’est ainsi que Tao est l’équivalence de la structure.


D’une part, une telle divergence dans la pensée chinoise, comme entre le point hors ligne et la ligne sans points, s’est développée en une dispute connue dans la pensée chinoise : Tao du Ciel ou Tao de l’Homme.

La dispute la plus connue se centre autour d’une phrase de Confucius dans Les entretiens :

Zigong dit : Nous pouvons écouter et recueillir l’enseignement du Maître sur tout ce qui relève du savoir et de la culture, mais il n’y a pas moyen de le faire parler de la Nature des choses, ni de la Voie céleste (Tao du Ciel). [58]

De même, Confucius dit :

L’homme peut agrandir la Voie, ce n’est pas la Voie qui agrandit l’homme [59]

C'est-à-dire que Confucius s’appuie sur le Tao de l’Homme. Au contraire, chez Laozi, le Tao dont il s’agit, c’est le Tao du Ciel, Le Tao de l’Homme est même vu négativement [60]. Laozi est aussi le maître de Confucius [61]. Cette distinction entre les deux hommes est aussi une des marques distinguant le taoïsme du confucianisme.

D’autre part, il engendre paradoxalement un des principes les plus fondamentaux de la pensée chinoise et de la pratique religieuse : l’Un entre Ciel et Homme [62], qui concerne vraisemblablement encore un trait unaire dans la troisième dimension. Il nous renvoie à un nouveau nouage : le transcendant, le transcendantal et l’intermédiaire.


Enfin, une telle recherche implique que le Tao du Ciel, comme le point à l’infini dans une définition de la structure discontinue, soit ex-istant par rapport à son opposé comme la structure continue. Cela n’empêche pas qu’il existe d’autres façons de détailler sa structuralité intrinsèque. C’est-à-dire que quelles que soient les lettres que nous choisissions, quelle que soit notre notion préférée, nous n’arrivons qu’à entrevoir localement la véritable structure : RSI, qui indique moins des dimensions, mais plutôt un objet inaccessible du désir et par la suite des traces de la jouissance limite.

 

Le Yijing

et la topologie de Lacan [1]


Ju Fei [2]

[1] Je remercie sincèrement Jean-Gérard Bursztein et Yang Lili de ses grandes aides depuis longtemps.


[2] Psychanalyste, membre du CPC (Centre Psychanalytique de Chengdu), Doctorant à Paris 7.


[3] Dans ce texte, je me limite à discuter de certaines catégories de la logique du Yijing, soit les huit trigrammes a priori. Il existe encore d’autres catégories complexes dans le Yijing, par exemple : les huit trigrammes a posteriori, et la Constellation des 28, etc.    


[4] Cette dispute tourne autour de la question de savoir s’il y a nécessité d’ajouter un cinquième élément pour former une structure.


[5] Cet « Un » est aussi appelé par les Chinois Wu (), qui est à considérer en métaphysique comme le « onto » du monde comme le décrit la formule : l’Avoir s’engendre de Wu. Wu est non seulement un nom propre, en même temps, il est aussi un adverbe négatif qui fonctionne comme « ne pas » et un verbe qui signifie « ne pas avoir ». En somme, en tant que nom propre, il définit une existence inexistante (-∃Un), ou une inexistence existante (∃-Un). On arrive à l’entrevoir que par l’état déjà différencié dans l’après-coup. Au sens structural, on trouve qu’il a la même signification que ce que Lacan a formulé de Y a d' l'Un comme ex-sitence. Voir : Jacques Lacan, ...ou pire, Leçon du 17 mai 1972, inédit.


[6] On s’aperçoit qu’il existe une grande différence entre le « plus un » du Yijing et la méthode de Frege, ainsi qu’avec la théorie du successeur formée de façon axiomatique par Peano et Russel, qui consiste à construire le successeur comme la suite de « 1 ». Bien que certains voient le « Yin-Yang » comme une suite binaire 0-1, il est plus juste de l’assimiler à une suite linéaire. Mais dans le Yijing, Yang (—) et Yin (--) toutes les deux opèrent comme deux variantes mutuellement séparées et relatives. Yin (--) est plutôt de l’ordre « -1 » que de l’ordre « 0 » qui, au sens lacanien, n’est que l’effet du réel. Le sujet naît comme le déchet ou 0 sur le fond duquel la bifidité du signifiant se forme. Comme l’indique Lacan dans Les problèmes cruciaux de la psychanalyse, la logique classique, par exemple celle de Boole, néglige la dimension de « -1 », et l’effet subjectif ainsi impliqué. À partir de Le désir et son interprétation, Lacan indique plusieurs fois que l’opération de l’imaginaire est « i » qui considère l’être inexistant comme existant. C’est aussi une des raisons pour laquelle Lacan introduit le nœud pour bien éclairer la multidimensionnalité dans la structure subjective. Par ailleurs, le relèvement de « i » nous ramène aussi à re-penser le rapport entre la psychanalyse et l’analyse complexe, surtout celle de la géométrie de Riemann, ou le rapport entre la psychanalyse et la théorie des Modèles dans la logique qui fonctionne toujours avec sa limite. Celle-ci, du fait qu’elle met impérativement en fonction l’impasse logique dans le système axiomatique, est analogue à l’écriture du “mathème” de Lacan, et par la suite nous fait associer à l’impératif de la jouissance. De même, en renvoyant à l’élaboration de L’Autre par rapport à l’Un, on trouve que Lacan la considère comme l’ensemble vide Un-en-plus, soit ceci que l’ensemble vide dans chaque sous-ensemble construit un point irréductible qui cause la suite de « un Autre ». Dans Encore, il indique aussi que l’Autre c’est Un-en-moins, soit l’ensemble vide comme un point manquant. Voir : Jacques Lacan, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p. 381. Et : Jacques Lacan, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 116.


[7] Dans Etourdit, Lacan considère le sujet comme l’effet de la coupure signifiante, soit la bande de Mœbius qui implique que le sujet s’aliène nécessairement en deux termes avec la perte de son être. Voir : Jacques Lacan, Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 485. 


[8] Laozi, La voie et sa vertu : Dao-te-king, Paris, Seuil, 1979, p. 103.

























































[9] Le fait que la catégorie dynamique Qi (, souffle) se situe sur le fond de la structure Yin-Yang cause beaucoup de disputes dans l’histoire de la pensée chinoise. Certaines écoles la considèrent comme fondamentale, d’autres contredisent. Dans l’histoire de la pensée chinoise, la catégorie Souffle qui parait très tôt est mise tardivement au centre du système conceptuel, en particulier chez Wang Fuzhi (王夫之), pour intégrer deux termes discordants de l’époque précédente : la Raison du Ciel et le Désir de l’Homme. Un tel fait est analogue à la grande théorie « motif » de Grothendieck qui la considère comme plus fondamentale que Topos, bien que son élaboration reste jusqu’à présent en cours. Au point de vue topologique, la catégorie dynamique s’incarne extrinsèquement dans les variantes spatiales. Inversement, dans la théorie du motif, il semble que les constructions spatiales sont décidées par l’énergie sous-jacente. Voir : l’article de Pierre Cartier, Le réel en mathématiques : psychanalyse et mathématiques, Pierre Cartier et Nathalie Charraud (éd.), Paris, Agalma, 2004, p.323.



[10] Jacques Lacan, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p. 360. En réalité, on voit que souvent, la structure algébrique peut se transformer dans l’espace à des dimensions hautes par son produit cartésien. Ce, si nous nous référons au théorème de l’incomplétude de Gödel qui est construit sur l’argument de la diagonale. Ce moyen fabriqué par Cantor a pour qualité de mettre les propositions dans un espace NxN (nombre naturel).  


[11] En plus, si l’on reste au niveau de sous-ensembles, on trouve que le nombre cardinal de sous-ensembles de chaque nombre dans l’ordre du nombre est 2n. C’est justement ce que Yijing montre dans le mouvement. Yijing, d’une certaine manière, est à considérer comme une mathématique des sous-ensembles qui n’a pas moins de rapport avec la topologie.


[12] Par rapport au tiers exclu et son avatar « l’axiome de choix », le refus de mathématiciens tient au fait qu’il existe beaucoup de problèmes dans son application dans une structure continue, par exemple dans le Continuum.


[13] En mathématiques, du fait que la logique modale développe le domaine de la valeur de la vérité comme (1, 0), elle est ainsi transformée en une structure topologique tant par l’algèbre de Boole que par la topologie quotient qui crée un voisinage en collant certains points d'un espace donné sur d'autres, par le biais d'une relation d'équivalence bien choisie faire un passage de la discontinuité à la continuité.


[14] Très tôt, Lacan est déjà conscient du rapport étroit entre le signifiant et la lettre, surtout pour un objet en tant que non-objet. Comme Lacan dit dans L’angoisse : « cet objet, nous le désignons par une lettre. Cette notation algébrique a sa fonction. Elle est comme un fil destiné à nous permettre de reconnaître l'identité sous les diverses incidences où il nous apparaît. » Voir : Jacques Lacan, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 102.


[15] Jacques Lacan, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 181.


[16] Jacques Lacan, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 86.


[17] On est en mesure de concevoir qu’il y ait deux façons d’indiquer le Réel comme ex-istence au niveau de la lettre. Au niveau de la structure discontinue, c’est le symbole représentant l’infini dans la mesure où le trait unaire arrive à être mesuré et compté. Au niveau de la structure continue, c’est Un qui, le premier voisinage, représente l’origine signifiante. La différence entre eux dépend de l’inscription de l’ordre de l’écriture. Le point à l’infini en tant que le Phallus, bien qu’étant dans un espace topologique, n’ soit fondé que dans la mesure où le sous-recouvrement peut être compté. L’ensemble vide premier, Un, recouvre tous les ensembles au niveau du sous-ensemble. Donc ce n’est pas par hasard que Lacan prend les deux sous le même symbole Φ. De plus, il me semble qu’une telle distinction peut expliquer la formule énigmatique de Lacan dans RSI : « le Réel surmonte le Symbolique en deux points », sans que Lacan ne précise ce qu’il en est des deux points. Voir : Jacques Lacan, RSI, Leçon du 14 janvier, 1975, inédit.


[18] Ce terme est enrichi par Jean-Gérard Bursztein. Voir : Jean-Gérard Bursztein, Psychanalyse, Topologie et Structure subjective, NEF, 2009, p. 77.


[19] Voir la discussion de la topologie quotient dans la note 13. En réalité, en mathématiques, il y a beaucoup de théories ou d’instruments similaires, surtout dans l’opération du faisceau.


[20] Jacques Lacan, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p. 134.


[21] Dans RSI, Lacan indique la fonction indispensable de l’imaginaire dans la notion du voisinage. Voir : Jacques Lacan, RSI, Leçon du 8 avril 1975, inédit.


[22] Dans la théorie des catégories qui cherche à sous-tendre les mathématiques à la place de la théorie des ensembles, le concept du « foncteur », bien que se situant au niveau de la fonction, dépend aussi dans l’après-coup de la construction imaginaire de deux objets : un initial et l’autre terminal.   


[23] Cette multidimensionnalité se montre aussi dans l’analyse de Lacan à propos du nombre d’or en tant que l’objet a. Dans l’équation 1/a=1+a, il ne faut pas oublier que le symbole « = » signifie aussi un trait unaire. En réalité, la définition extensive du 1 est relativement libre. Voir : Jacques Lacan, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 182.


[24] Le terme de la géométrie que je prends habituellement concerne moins la géométrie classique que celle de moderne dans laquelle l’espace n’a pas rapport avec l’intuition ou la représentation. Du coup, une écriture géométrique, comme la topologie, peut transcrire non-métaphoriquement des certaines impossibilités logiques ou des « faussetés » de l’espace intuitionnel pour construire le Réel.


[25] Voir : Huo Datong, L’inconscient est structuré comme l’écriture chinoise, Revue de psychologie clinique, N° 15.



















































































[26] Jacques Lacan, Identification, Leçon du 16 mai 1962, inédit.






































































[27] Jacques Lacan, RSI, inédit.





















































[28] Jacques Lacan, RSI, Leçon du 11 mars 1962, inédit.









[29] Jacques Lacan, Le Sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 145.


[30] Voir : Maurice Caveing, Le problème des objets dans la pensée mathématique, Paris, Vrin, 2004.




















































[31] Jacques Lacan, Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p. 553.










[32] En fait, c’est seulement une idée idéale. La dialectique entre la ligne projective et le point à l’infini va être traitée dans le chapitre prochain.





[33] Dans l’Identification, Lacan éclaire le cross-cap : « ...concevoir la fonction du phallus au centre de la constitution de l’objet du désir ». Simplement dit, on peut considérer que la coupure de double boucle se centre aussi bien sur le point hors ligne (Phallus) que sur le trou que le Phallus creuse. La compacité d’un point originaire est transformée en celle d’un espace qui surgit sous la forme de « sous-recouvrement ». Voir : Jacques Lacan, Identification, Leçon du 6 juin 1965, inédit. Et aussi : Jacques Lacan, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 14.


[34] Cette sorte de différence au niveau de la partie locale a été démontrée par Lacan à plusieurs niveaux, par exemple, le fantasme, la jouissance, l’identification, etc.   


[35] En ce sens, il s’agit d’un problème économique et de celui de la quantification dans un espace topologique.


[36] Lacan dit : « Cet l’objet a, comme je vous l'ai indiqué dans mon discours de tout à l'heure et bien sûr ce n'est pas une nouveauté, se présente sous, non pas quatre formes, mais disons quatre versants, en raison de la façon dont il s'insère sur deux versants d'abord, la demande et le désir. ». Voir : Jacques Lacan, L’objet de la psychanalyse, Leçon du 27 avril 1966, inédit.


[37] Lacan, dans une pratique topologique de la bouteille de Klein, a déjà indiqué : le cercle de rebroussement, qui est l’objet a, ne construit le cercle intermédiaire entre des espaces que dans la mesure où ce cercle intermédiaire n’est fixé que dans l’imagination. Voir : Jacques Lacan, Les problèmes cruciaux pour la psychanalyse, Leçon du 3 février 1965, inédit.






[38] Ainsi, l’objet a indique l’espace et le vide. En chinois, kongjian (空间, espace) et kong (, vide) ont un même caractère commun kong. Dans le mot kongjian, kong signifie le vide et jian signifie l’intervalle. C’est-à-dire que, en chinois, l’espace est d’abord un vide. En même temps, kong aussi signifie “disponible” dans l’ordre temporel.


[39] En termes topologiques, dans ce cas-là, on n’arrive pas séparer les éléments par le voisinage.


[40] En géométrie, cette opération « plus une dimension » est considérée comme « plus une compacité » de l’espace, comme la transformation de la ligne droite au triangle. Dans la géométrie moderne, cette opération s’appuie sur une formalisation. 


[41] Jacques Lacan, La troisième, Lettres de l’École freudienne, 1975, n° 16.








[42] Jacques Lacan, Les problèmes cruciaux pour la psychanalyse, Leçon du 9 juin 1965, inédit.
























[43] Une telle façon de faire apparaît souvent dans la topologie du nœud pour repérer les différents croisements. Voir : Jean-Michel Vappereau, Nœud, Paris, Topologie en Extension, 1998, p. 119.











[44] La localité et la chiralité concernent deux façons de lire la structure. La localité s’appuie sur un « refoulement » entre les dimensions. La chiralité s’appuie sur une dynamique entre les dimensions, c'est-à-dire le refoulé comme « reste à dire ».


[45] Ceci ne signifie pas qu’il existe une symétrie entre ces deux dimensions, car ce qu’on entrevoit ce n’est que la partie locale de la structure qui, en tant que voisinage, est essentiellement dans le Réel.

























[46] Jacques Lacan, Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 57.














[47] Voir : Gilles Gaston Granger, la pensée de l’espace, Odile Jacob, Paris, 1999.


















[48] Jacques Lacan, Autre écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 487.






[49] On peut ainsi dire que, à propos du rapport sexuel, que le phallus garantit une invariance dans son infinité, en même temps il fait que le sujet ne retrouve que la jouissance partielle sous la forme du « sous-recouvrement ». Voir : Jacques Lacan, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 15.


[50] Jacques Lacan, Le Sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 118.



[51] Jacques Lacan, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p. 170.































[52] En ce sens, nous pouvons identifier le symbole « = » dans l’équation 1 + a = 1/a au trait unaire du Réel. « 1 » à gauche fonctionne comme le glissement de « 1 », le « 1 » à droite comme la fixation de « 1 ».








[53] Lacan a considéré métaphoriquement la fonction du signifiant comme la Voie frayant plusieurs fois. En plus, la fonction du signifiant comme dire est beaucoup développée par Lacan dans ses séminaires, surtout dans L’étourdit.



[54] Laozi, La voie et sa vertu : Dao-te-king, Paris, Seuil, 1979, p. 69.




[55] Laozi, La voie et sa vertu : Dao-te-king, Paris, Seuil, 1979, p. 21.





[56] Zhuangzi, Zhuangzi : Œuvre complète, traduit par Lou Kia Hway, Paris, Gallimard Unesco, 1969, 180.


[57] YiKing : Le livre des transformations, traduit par Richard Wilhelm et Etienne Perrot, Orsay, Médicis, 1973, p. 335. Cette phrase est aussi traduite comme : « Un Yin (--) et un Yang (—) construisent le Tao.


[58] Confucius, Entretiens de Confucius, traduit par Pierre Ryckmans, Paris, Gallimard, 1987, p. 29. En ce qui concerne la catégorie de la Nature (qui signifie aussi le Sexe), bien que Confucius n’en parle pas, mais il semble qu’il subit le même destin après la mort de Confucius que le Tao : le saut de un « ce dont on ne peut pas parle » à « qu’on dise », en particulier chez Mencius. 


[59] Confucius, Entretiens de Confucius, traduit par Pierre Ryckmans, Paris, Gallimard, 1987, p. 94.


[60] Mais chez Laozi, il indique aussi que le Tao est aussi un mouvement : « Tao est un mouvement de l’inverse. » (Chapitre 40, ma traduction). Mais il s’agit ici d’un mouvement universel, plutôt dans le domaine naturel que dans le domaine humain.


[61] Il y aussi des divergences sur la date de la parution du Daodejing Mais, ce qui est sûr c’est que, par le propos de Confucius, il existe une propagation de l’idée de Tao du Ciel avant lui.


[62] Il est nécessaire de remarquer que la notion Ciel-Homme du Tao n’appartient pas à la même catégorie que la trinité Ciel-Terre-Homme introduite dans la première partie qui indique les trois éléments d’une structure. De même, la dénomination des trois éléments est relativement libre, par exemple : Père-Mère-Enfant. La notion Ciel-homme du Tao se situe au niveau de la fonction, et ainsi indique une différence entre le transcendant et le transcendantal au sens philosophique. Mais ceci n’empêche pas que Ciel-Terre-Homme soit en mesure de représenter les trois dimensions de Tao au sens de l’espace topologique. C’est parce qu’il n’y a pas de terme de « Tao de la Terre » dans la pensée chinoise que je préfère mettre la Terre au niveau de l’élément. Ce qui importe c’est le pourquoi il manque la dimension du Tao de la Terre. Est-ce qu’elle a rapport avec la jouissance féminine pure qui indique chez Lacan moins la jouissance de l’Autre qu’une jouissance existante mais non dénommable, bien que son étendue soit beaucoup plus large que celle masculine ?


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