L’interprétation des rêves (1900)
Voir, pour l’histoire de l’interprétation des rêves […] pour les Chinois, Secker.
Cf. SECKER, F., "Chines. Ansichten uber den Traum," Neue metaph. Rdschr., Vol. 17, 1909-1910, p. 101.
G.W. II/III, Die Traumdeutung, p. 4
L’interprétation des rêves, PUF, Paris, 1971, p. 14 note 1
L’écrivain politique se trouve dans une situation analogue quand il veut dire des vérités désagréables aux puissants. […] il parlera de mandarins alors qu’il songera aux fonctionnaires de son pays.
G.W. II/III, Die Traumdeutung, p. 148
L’interprétation des rêves, PUF, Paris, 1971, p. 130
»…] effeuiller comme un artichaut, feuille à feuille (cette tournure était familière à chacun parce qu’elle était alors fréquemment employée à l’occasion du partage de l’empire chinois).
G.W. II/III, Die Traumdeutung, p. 197
L’interprétation des rêves, PUF, Paris, 1971, p. 170
Ceux-ci [les symboles du rêve] ont souvent plusieurs sens, quelque fois beaucoup de sens, si bien que, comme dans l’écriture chinoise, c’est le contexte qui seul donne une compréhension exacte. C’est grâce à cela que le rêve permet une surinterprétation et qu’il peut représenter par un seul contenu diverses pensées et diverses impulsions [motions] de désir (Wunschregüngen) souvent très différentes de nature.
Dieselber sind oft viel- und mehrdeutig, so daß, wi in der chinesischen Schrift, erst de Zusammenhang die jedesmal richtige Auffassung ermöglicht.
G.W. II/III, Die Traumdeutung, p. 359
L’interprétation des rêves, PUF, Paris, 1971, p. 303
Des sens opposés dans les mots primitifs (1910)
Freud cite K. Abel et ses Essais philologiques parus en 1884 :
C’est donc vraiment intentionnellement qu’ont été réunies dans ces mots des contradictions quant aux concepts, non pas afin de créer, comme cela arrive parfois en chinois, un nouveau concept […]
G.W. VIII, Über den Gegensin der Urworte, p. 217
« Des sens opposés dans les mots primitifs » in Essais de psychanalyse appliquée, Gallimard-Idées, Paris, 1933, p. 62
Introduction à la psychanalyse (1916)
La langue et l’écriture chinoises, très anciennes, sont aujourd’hui encore employées par 400 millions d’hommes. Ne croyez pas que j’y comprenne quoi que ce soit. Je me suis seulement documenté, dans l’espoir d’y trouver des analogies avec les indéterminations des rêves, et mon attente n’a pas été déçue. La langue chinoise est pleine de ces indéterminations, propres à nous faire frémir. On sait qu’elle se compose d’un grand nombre de syllabes qui peuvent être prononcées soit isolément, soit combinées en couples. Un des principaux dialectes possède environ 400 de ces syllabes. Le vocabulaire de ce dialecte disposant de 4 000 mots environ, il en résulte que chaque syllabe a en moyenne dix significations, donc certaines en ont moins et d’autres davantage. Comme l’ensemble ne permet pas toujours de deviner celle des dix significations que la personne qui prononce une syllabe donnée veut éveiller chez celle qui l’écoute, on a inventé une foule de moyens destinés à parer aux malentendus. Parmi ces moyens, il faut citer l’association de deux syllabes en un seul mot et la prononciation de la même syllabe sur quatre « tons » différents. Une circonstance encore plus intéressante pour notre comparaison, c’est que cette langue ne possède pour ainsi dire pas de grammaire. Il n’est pas un seul mot monosyllabique dont on puisse dire s’il est substantif, adjectif ou verbe et aucun mot ne présente les modifications destinées à désigner le genre, le nombre, le temps, le mode. La langue ne se compose ainsi que de matériaux bruts, de même que notre langue abstraite est décomposée par le travail d’élaboration en ses matériaux bruts, par l’élimination de l’expression des relations. Dans la langue chinoise, la décision, dans tous les cas d’indétermination, dépend de l’intelligence de l’auditeur qui se laisse guider par l’ensemble. J’ai noté l’exemple d’un proverbe chinois dont voici la traduction littérale :
Peu (que) voir, beaucoup (qui) merveilleux.
Ce proverbe n’est pas difficile à comprendre. Il peut signifier : moins on a vu de choses, et plus on est porté à admirer. Ou : il y a beaucoup à admirer pour celui qui a peu vu. Il ne peut naturellement pas être question d’une décision entre ces deux traductions qui ne diffèrent que grammaticalement. On nous assure cependant que, malgré ces indéterminations, la langue chinoise constitue un excellent moyen d’échange d’idées. L’indétermination n’a donc pas pour conséquence nécessaire la multiplicité de sens.
Nous devons cependant reconnaître qu’en ce qui concerne le système d’expression du rêve, la situation est beaucoup moins favorable que dans le cas des langues et écritures anciennes. C’est que ces dernières sont, après tout, destinées à servir de moyen de communication, donc à être comprises d’une façon ou d’une autre. Or c’est précisément ce caractère qui manque au rêve. Le rêve ne se propose de rien dire à personne et, loin d’être un moyen de communication, il est destiné à rester incompris.
G.W. XI, Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse, p. 237
Introduction à la psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1965, « 2e partie : le rêve - § 15 ; Incertitudes et critiques », p. 215
Le fétichisme (1927)
On pourrait voir une autre variante du fétichisme, mais ce serait, cette fois aussi, un parallèle tiré de la psychologie comparée, dans cet usage chinois de commencer par mutiler le pied de la femme puis de vénérer comme un fétiche ce pied mutilé. On pourrait penser que le Chinois veut remercier la femme de s’être soumise à la castration.
G.W. VIII, Fetischismus, p. 317
« Le fétichisme » in La vie sexuelle, PUF, Paris, 1969, p. 138