1. À ce propos, le texte présenté par Yan Helai dans le cadre du séminaire de Michel Guibal, le 20 novembre 2008  se trouve sur ce site par ici

Yan Helai a œuvré sur le terrain, au titre d’être mandaté par Médecins sans Frontières. Il témoigne de cette expérience rapidement renouvelée, expérience d’écoute mais aussi de mise en place de relations avec d’autres “psy” chinois.

Nous le saisissons donc à son retour en France pour se mettre à notre tour, à l’écoute de ce qu’il a expérimenté.

La catastrophe naturelle, comme la nature n’existe pas, elle est aussi culturelle, sociale et politique, aussi bien dans ses causes que ses conséquences.







Au Sichuan, le tourisme prospère sur les décombres

le 14/11/2008 à 11h20  par AFP

Après le séisme meurtrier qui a frappé il y a six mois le sud-ouest de la Chine, les autorités chinoises voient dans le tourisme une des solutions pour aider à la reconstruction. La ville de Beichuan, vidée de ses habitants et complètement détruite, va même devenir un "musée du séisme".

    Femme originaire de la minorité Qiang vendant des photos du séisme à Beichuan



A Taoping, village situé sur la faille des Longmenshan (monts de la Porte du Dragon) où a été localisé l'épicentre du tremblement de terre, Zeng Yuyin montre une fissure dans le mur d'une forteresse millénaire, bâtie à flanc de montagne.

"Cela a été provoqué par le séisme", dit cette femme de 40 ans, qui vit en plein coeur de la région habitée par la minorité Qiang. La plupart des bâtiments en pierre et ardoise du village de 3.000 habitants ont résisté, alors qu'à 130 kilomètres de là, Beichuan et ses édifices modernes n'ont pas tenu.

"Les bâtiments des Qiang sont bien construits. La devise est: Ne pas bâtir rapidement, mais pour durer", raconte celle dont la famille habite ici depuis au moins 200 ans.

"Sur les 118 familles et près de 600 personnes qui vivent dans la forteresse, personne n'a été blessé ou tué lors du séisme", dit Zeng, qui est guide touristique et conservatrice du musée.

A Beichuan, majoritairement peuplée de Qiang, près de 20.000 personnes sont mortes ou portées disparues. Les habitants de Taoping peuvent remercier leurs habitations traditionnelles, que les autorités chinoises veulent désormais faire inscrire à la prestigieuse liste du Patrimoine mondial de l'Unesco.

"Leur structure unique et leur incroyable qualité antisismique en font un très bon candidat", a commenté Zhang Bai, vice-directeur de l'Administration d'Etat du Patrimoine culturel.

Pour le gouvernement central, le tourisme peut en effet aider à la reconstruction. Il a déjà débloqué 19,7 milliards de yuans (près de 2,3 milliards d'euros) pour développer l'industrie du tourisme dans le district de Beichuan dans les trois prochaines années.

Beichuan, vidée de ses habitants et détruite, restera en l'état pour en faire un "musée du séisme".

Les autorités locales projettent de mettre en place un panorama sur un site surplombant la ville, pour permettre aux touristes de mesurer l'ampleur des dégâts.

"Le projet touristique est bon, c'est une manière de créer de bonnes choses à partir d'une situation mauvaise", juge Tang Hongmei, 38 ans, une femme d'affaires dont la maison a été détruite dans le séisme.

"Nous devons vivre, pour moi cela signifie faire des affaires", ajoute-t-elle. Elle gagnait de l'argent avec une entreprise de boissons et de cigarettes avant le séisme, désormais elle a ouvert deux restaurants de cuisine traditionnelle Qiang, qui marchent bien.

Cette semaine, la route rejoignant à travers la montagne Beichuan à Wenchuan, l'épicentre du séisme, a été rouverte. Elle passe notamment par le lac Tangjiashan, qui s'est formé en amont de Beichuan à la suite du séisme du 12 mai.

Des glissements de terrain provoqués par le tremblement de terre de magnitude 8 avaient entraîné la formation d'un barrage naturel, entravant le cours du fleuve Jianjian et conduisant à la formation d'une énorme retenue d'eau.

Des projets touristiques sont également prévus sur le lac, autrefois une menace, désormais une opportunité.



La pénurie de charbon fait empirer la situation des rescapés du tremblement de terre

03.09.2008, 08:02 GMT


Le premier ministre chinois,Wen Jiabao, a déclaré mardi, que la reconstruction des habitations et des infrastructures de la région touchée samedi par un tremblement de terre, est une priorité.

Wen s’est exprimé durant une visite dans le Sichuan, après le tremblement de terre qui a fait 70.000 victimes et des millions de sans-abris, le 12 mai dernier.

Samedi, un autre séisme a eu lieu dans la région, provoquant la mort de 38 personnes. Selon l’AFP, 940.000 personnes au total auront été affectées par le dernier tremblement de terre et 390.000 habitations auraient été démolies ou endommagées.

De nombreuses équipes de secours et du matériel ont été envoyés dans la région. Toujours selon l’AFP, environ trois millions d’euros ont été alloués au travail des secouristes.
Comme le souligne justement le premier ministre, la priorité revient à la reconstruction, dans la mesure où les premiers frimas de l’hiver vont rendre les conditions des réfugiés encore plus délicates. Néanmoins cela devrait prendre un peu de temps, selon les dires de Wen.

L’International Herald Tribune rajoute que la situation précaire des réfugiés pourrait encore être aggravée par la pénurie de charbon qui s’annonce, faisant suite à l’interruption des exploitations minières pour des raisons de sécurité. Liu Kangjian, le maire-adjoint de la ville de Panzhihua, proche de l’épicentre du séisme, a demandé aux provinces voisines de les alimenter en charbon afin d´éviter une pénurie totale.

L’agence Reuters indique que cette région montagneuse du sud-ouest de la Chine a souffert de nombreux tremblements de terre durant les derniers mois. L’administration chinoise des séismes a enregistré 439 secousses dans la région, dont la plus importante a atteint 5,6 sur l’échelle de Richter.

Source: Reuters, AFP, International Herald Tribune





Les parents des écoliers chinois morts dans le séisme condamnés au silence

le 28/8/2008 à 12h46  par AFP

Plus de trois mois après le séisme meurtrier en Chine, l'argent et la police ont réduit au silence les parents des enfants tués dans les nombreuses écoles du Sichuan (sud-ouest). Entre l'autocensure et les condamnations, aucune information ne filtre.



Police évacuant les parents venus réclamer justice en juin dernier


"Les familles ont accepté les dédommagements, car la police sait se montrer très menaçante", explique un commerçant, nommé Cheng, près d'un collège de Dujiangyan où au moins 200 élèves et professeurs ont trouvé la mort. "Lorsqu'ils acceptent l'argent, on leur demande de rester tranquilles, de ne pas donner d'interviews aux médias", ajoute-t-il.

Quelque 7.000 établissements scolaires se sont effondrés lors du séisme du 12 mai, alors que les bâtiments officiels voisins restaient debout. Des parents avaient vivement dénoncé la corruption des responsables locaux, à l'origine, selon eux, de la mauvaise qualité des bâtiments.

Selon la presse chinoise, les sommes ont atteint, pour chaque enfant perdu, 32.000 yuans (près de 3.200 euros). Mais dans son quartier, affirme M. Cheng, les parents ont reçu beaucoup plus, jusqu'à 170.000 yuans. Et les parents, qui en juin avaient accepté de parler à l'AFP lors de manifestations, sont désormais aux abonnés absents.

"Je ne peux pas vous parler maintenant, ce n'est pas le bon moment, n'appelez plus s'il vous plaît", dit au téléphone You Zhenghua, qui avait sorti elle-même le cadavre de sa fille de 14 ans des gravats. Un père, dont la fille a survécu, explique cependant que le mécontentement reste vif. "C'est évident que la construction au rabais y était pour quelque chose.

Sinon pourquoi les bâtiments à côté ne se sont-ils pas effondrés?", dit-il sous couvert de l'anonymat, de peur des représailles. Les autorités ont également fait taire ceux qui ont tenté d'aider les parents. Le cyberdissident Huang Qi, 44 ans, basé à Chengdu (capitale de la province du Sichuan), a été arrêté en juin après avoir rencontré des parents d'enfants morts dans les écoles qui demandaient des comptes au gouvernement et accordé des entretiens à la presse étrangère, selon sa femme.

Un mois après, il se voyait officiellement signifier son arrestation pour "possession illégale de secrets d'Etat". Liu Shaokun, un enseignant du Sichuan, a été interpellé le 25 juin et condamné à un an de "rééducation par le travail" pour "troubles à l'ordre public" après avoir fait circuler des photos d'écoles effondrées sur l'internet, selon l'organisation américaine Human Rights in China.

La police a refusé de commenter leur cas.




Loin des fastes des JO, les victimes du séisme s'enfoncent dans la précarité

le 27/8/2008 à 17h24  par AFP


Alors que les jeux Olympiques ont captivé toute l'attention, les victimes du séisme du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, s'installent durablement dans des camps censés être provisoires, sans autre perspective qu'une subsistance au jour le jour.



Rares sont les magasins qui ont pu réouvrir à Dujiangyan


La vie de Li Kuilan s'est arrêtée le 12 mai. Elle a perdu son mari, sa maison. Comme des millions d'autres, elle a dû s'installer dans des camps de déplacés, montés à la va-vite, qui parsèment désormais le paysage.

Aujourd'hui, elle vend des haricots rouges au "Foyer heureux", un ensemble composé de rangées de préfabriqués blancs et bleus, où vivent 8.000 personnes.

"Il ne me reste rien. Mon avenir est incertain, je gagne très peu d'argent. Hier je n'ai vendu que deux yuans (moins de 20 centimes d'euro) de haricots, je ne peux pas nourrir quatre personnes", dit la veuve de 54 ans. Elle vit avec son fils au chômage, sa belle-fille et leur fils de quatre ans.

Dujiangyan, une ville de 600.000 habitants blottie sur les contreforts de l'Himalaya, à l'ouest de la fertile plaine de Chengdu, se trouve à 50 km de l'épicentre du séisme qui a fait en mai près de 88.000 morts et disparus.

Cette semaine, la ville s'active encore pour déblayer et reconstruire. Mais le nombre vertigineux de maisons vides et de guingois, qui menacent de s'écrouler à tout moment, rappelle l'ampleur du désastre.

Et en dépit de cette frénésie pour retrouver au plus vite une vie normale, beaucoup savent qu'il faudra des années avant d'espérer une vraie amélioration de leurs conditions de vie.

Mme Li estime son séjour dans le camp à trois ans, mais d'autres imaginent y rester encore bien plus longtemps.
"On entend beaucoup parler de dons, y compris de l'étranger, pour nous venir en aide", note Luo Wenquan, 41 ans, qui essaye de vendre des gâteaux. "Il y a des plans pour créer des emplois, mais je ne vois pas comment cela va aider ma famille. Les gens sont résignés à se débrouiller tout seuls", dit-elle.

Selon les chiffres officiels, 978.000 ménages ont été répartis dans 3.400 camps de déplacés comme le "Foyer heureux". Et le gouvernement a promis des subventions aux 3,48 millions de familles rurales qui ont perdu leurs maisons.
"Le gouvernement fait ce qu'il peut, mais j'ai bien peur que cela ne suffise pas", souligne Mme Luo.

Son mari est parti chercher du travail ailleurs, la laissant élever leur fils de trois ans avec les maigres revenus de son petit commerce de gâteaux.
"On nous a versé une aide de dix yuans (moins d'un euro) par jour pendant les trois premiers mois après le tremblement de terre, mais ils ont été dépensé depuis longtemps", dit-elle.

Dans le foyer, peu d'hommes. Surtout des personnes âgées, des femmes et des enfants. Pour les efforts de reconstruction, le gouvernement a mis de côté des fonds de 6,8 milliards d'euros cette année, soit en gros un quart du budget consacré à la préparation des JO qui se sont terminés dimanche.




05 juin 2008

Le sourire du Buddha


A l’entrée du temple détruit de Longjiu, le Buddha n’a pas perdu son sourire. Il est bien le seul.












03 juin 2008

Réfugiés


C’était au stade de Mianyang quelques jours après le tremblement de terre. Plus de 10 000 personnes, toutes originaires de Beichuan sont arrivés là, certains après avoir marché pendant des jours. Un toit, de l’eau potable, des soins.  Ils se sont entassés là, serrés les un contre les autres. Beaucoup dans l’attente de nouvelles de proches. Pour l’instant, les autorités ont réussi à parer au plus pressé, et en particulier éviter l’apparition d’épidémie. Déjà, une réussite. Mais l’ampleur de ce qui reste à accomplir est démesurée. 5 millions, c’est le nombre de victimes du tremblement de terre laissées sans logis. C’est un défi titanesque lancé au gouvernement. Dans l’immédiat, la Chine comme la communauté internationale n’a pas assez de tentes pour répondre aux besoins des sichuanais. Les autorités prévoient de construire un million et demi de logements temporaires d’ici le mois d’aout et après quelques résistances accueillent à bras ouverts l’aide internationale. Mais comment cela peut-il suffire ? Que faire avec ces millions de réfugiés souvent sans papier d’identités, sans argent, sans travail ?




Un ring de boxe transformé en dortoir.







Le tremblement de terre en Chine suscite un élan de solidarité sans précédent dans la société

LE MONDE | 26.05.08 | 15h01  •  Mis à jour le 26.05.08 | 16h07

Shanghaï, correspondant



lls ont installé quelques tables le long d'une allée du campus de l'université, et disposé en vrac des livres, vêtements, sacs et toutes sortes de babioles. Leur "équipe" de bénévoles s'appelle Hotwind, les T-shirts qu'ils ont imprimés représentent un coeur en forme de virgule, avec le slogan : "Faites courir l'amour."


"A l'origine, on s'était organisé pour aider un écolier pauvre du Yunnan atteint d'un cancer à payer son opération. Depuis le tremblement de terre, on donne la moitié aux gens du Sichuan", dit Molly Zhang, une jeune institutrice de 25 ans impliquée dans cette action, qui visite campus après campus à Shanghaï. "Cette fois, on sent que tout le monde en Chine est touché. Je trouve vraiment que les Chinois n'ont jamais été aussi unis", dit-elle.

Originaire de Chengdu, elle est très sensibilisée sur le sort des victimes. Elle a donné 1 000 yuans au travers de son école (100 euros), s'est inscrite sur les listes pour les dons de sang. En février, elle avait donné 300 yuans pour les sinistrés de la vague de froid, et aurait aimé partir enseigner comme bénévole dans les campagnes pauvres, mais seuls les garçons sont acceptés.

"BESOIN D'IDÉALISME"

"Chez la jeune génération qu'on dit consumériste, il est aussi très cool d'être bénévole (...). Il y a un besoin d'idéalisme chez les jeunes Chinois et comme ils ne peuvent absolument pas diriger leur énergie contre le gouvernement ou dans la politique, ils s'engouffrent dans le moindre espace d'intervention qui s'ouvre devant eux. C'est aussi la première fois qu'autant de souffrance humaine est représentée en direct à la télévision", témoigne un professeur de l'unité cinéma et documentaire de l'université de Shanghaï.

Que le désastre ait eu lieu l'année des Jeux olympiques, et dans le sillage des événements du Tibet, a également galvanisé le sentiment nationaliste. De plus, la vague de solidarité concerne toutes les couches de la population et il est difficile d'échapper à l'ardente obligation du don.

Dans les entreprises ou administrations, les employés doivent souvent inscrire leur nom au côté des sommes déboursées. Quand bien même les services municipaux auraient manqué de rappeler à l'ordre une société oublieuse de son devoir (c'est arrivé à au moins une organisation étrangère à Shanghaï), la vigilance des internautes fait le reste. Des blogueurs dressent le classement des grandes entreprises contributrices, et les commentaires fusent quand un groupe puissant apparaît comme peu généreux.

Les géants du commerce électronique ou des télécoms ont mis en place des mécanismes pour faciliter les donations gérées par le gouvernement ou la Croix-Rouge chinoise.

Les ONG chinoises, traditionnellement très contrôlées, étendent leur champ d'action. "Beaucoup de portes se sont ouvertes dans l'administration. On a en face des nous des gens qui se démènent pour nous obtenir un avion. C'est du jamais-vu", se félicite Hao Liqiong, coordinatrice de Tuofeng. L'ONG n'a néanmoins pas le droit de recevoir d'argent liquide.

Les humanitaires chinois restent pourtant sous surveillance. Niubo Wang, une ONG de Pékin, présente à Chengdu, a vu ses comptes en banque gelés et ses représentants interrogés. La police entendait, par ce biais, rappeler à l'ensemble des organisations qu'elles devaient rendre des comptes à l'administration sur leurs activités.


Brice Pedroletti





En Chine, des milliers de personne sous les décombres

Dorian MALOVIC


Le bilan du séisme de lundi 12 mai dans la province du Sichuan, établi mardi 13 mai à 12 000 morts, pourrait doubler dans les jours qui viennent à mesure que les équipes de secours découvrent l’ampleur des dégâts


D’heure en heure, le bilan du séisme qui a touché lundi 12 mai la province du Sichuan en Chine ne cesse de s’alourdir. Citant le gouvernement local, l’agence Chine nouvelle a annoncé mardi soir le chiffre de 12 000 morts, alors que des milliers de secouristes et de soldats ont été mobilisés pour sauver des rescapés sous les décombres.


Autour du district de Wenchuan, épicentre du séisme, les villes de Dujiangyan, Beichuan, Hanwang, Mianyang ou Shifang sont les plus touchées par la catastrophe. Des lycées, écoles, usines et immeubles s’y sont effondrés, ensevelissant des milliers de personnes. Dans cette région montagneuse très peuplée, les routes à flanc de collines ont été endommagées par les éboulements de pierres ou carrément effondrées.


A Mianyang plus de 3 600 personnes ont été tuées

Dans la seule ville de Mianyang (120 000 habitants) plus de 3 600 personnes ont été tuées et près de 19 000 autres sont encore sous les décombres, a rapporté mardi 13 mai l’agence Chine nouvelle. À Mianzhu, où 3 000 personnes sont décédées, 10 000 personnes « restent ensevelies ».


À Shifang, environ 500 personnes sont mortes, 2 000 ont été ensevelies et 3 000 personnes ont été blessées, a annoncé la télévision centrale. C’est également dans cette cité industrielle que deux usines chimiques ont été dévastées par le tremblement, ensevelissant des centaines d’employés et conduisant à l’évacuation de 6 000 riverains. L’accident a notamment provoqué la fuite de 80 tonnes d’ammoniac.


Les autorités sont, semble-t-il, encore loin d’avoir évalué avec précision l’ampleur des dégâts matériels et humains. Mais certaines sources ne cachent pas que le bilan final ne sera pas connu avant plusieurs jours et qu’il dépassera largement les 20 000 victimes.


Fermeture des mines de charbon

Afin d’éviter de nouveaux drames et alors que les répliques au tremblement de terre se poursuivent quotidiennement, le gouvernement chinois a ordonné mardi 13 mai la fermeture pour inspection des mines de charbon et des champs gaziers, ainsi que des usines chimiques endommagées. On peut craindre la découverte de centaines de corps de mineurs ensevelis au fond des mines.


La province du Sichuan se caractérise par l’abondance de ses ressources naturelles. Riche en minerais, la province a pu développer depuis trente ans la sidérurgie (6e producteur chinois d’acier), les produits chimiques (1er producteur d’acide sulfurique et d’engrais) et les matériaux de construction. Elle jouit également d’une autonomie énergétique grâce à son potentiel hydroélectrique et à l’importance de ses réserves en gaz naturel et en pétrole.


De plus, le nord de la ville de Chengdu s’était transformé sous les ordres de Mao il y a trente ans en une forteresse industrielle avec des usines, villes nouvelles, immeubles, densément peuplés. Craignant une attaque atomique américaine, Mao avait voulu mettre à l’abri dans le Sichuan toutes ses capacités industrielles.


Moins connue, la présence d’une usine de retraitement des déchets nucléaires près de la ville de Zigong, très isolée plus au sud de Chengdu, inquiète les autorités qui ont envoyé sur place des experts. Mais il n’y a pas de centrale nucléaire dans la province du Sichuan.


La Chine refuse l'envoi d’équipes étrangères

Face à l’ampleur de la catastrophe, les États-Unis, l’Union européenne, le Japon et l’ONU ont proposé leur aide aux autorités chinoises. La Chine a indiqué mardi 13 mai qu’elle acceptait les propositions d’aide étrangère mais a jugé que les conditions n’étaient pas réunies pour l’envoi d’équipes étrangères dans les zones dévastées.


« Après le tremblement de terre, la communauté internationale a offert son soutien et sa solidarité à la Chine. La Chine et le peuple chinois accueillent cela favorablement », a déclaré sans plus de précisions un porte-parole des affaires étrangères, Qin Gang.


Un peu plus tard, au cours d’une conférence de presse à Pékin, le chef des secours au ministère des affaires civiles, Wang Zhenyao, a précisé que toute « aide matérielle ou en argent » était bienvenue. Pékin joue la transparence mais veut garder la maîtrise des secours.



Dorian MALOVIC





La dernière fois que la terre a tremblé, la Chine a changé d'ère

Par Pierre Haski

Créé 13.05.2008 - 09:28


Le précédent tremblement de terre massif en Chine remonte à 1976 [1], et reste gravé dans toutes les mémoires chinoises car il a précédé de quelques semaines la mort de Mao Zedong.

C'était le 28 juillet 1976 à 3h52 du matin: un séisme de 8,2 sur l'échelle de Richter, dont l'épicentre se trouvait à Tangshan, dans la province du Hebei, dans l'est de la Chine, provoqua l'une des plus grandes catastrophes du XXe siècle: officiellement 242719 morts, et selon d'autres estimations jusqu'à 700000 victimes.

Dans un pays qui interprète en permanence les signes, ce séisme a été interprété comme porteur de grands changements. Il intervenait quelques mois après le décès, le 8 janvier 1976, de Zhou Enlai [2], le Premier ministre, très aimé de la population car perçu comme un rempart contre les outrances du Grand Timonier Mao Zedong.

Et il précéda de peu la disparition, le 9 septembre 1976, de Mao lui-même, le Dieu vivant de la Chine depuis des décennies, marquant la fin d'une ère.

Difficile de ne pas penser à cet événement charnière dans l'histoire de la Chine moderne en entendant les nouvelles du séisme du Sichuan. Car s'il reste une constante en Chine, c'est bien cette dimension symbolique forte, comme l'a montré le choix du 8 août 2008 (8-8-08) à 8 heures pour l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin. Et ce séisme s'est produit à précisément ... 88 jours de cette date.

Mais les mêmes causes ne produisent pas nécessairement les mêmes effets. En 1976 et en 2008, le pouvoir chinois est toujours entre les mains du parti communiste chinois, mais là où il y avait il y a trente-deux une fin de règne attendue par tous, il y a aujourd'hui un pouvoir revigoré qui a fait de la Chine l'une des grandes puissances du moment.

Autre différence: en 1976, Pékin avait refusé toute aide internationale et la Chine s'était repliée sur elle-même pour faire face à son malheur. Aujourd'hui, les dirigeants chinois, instruits par les expériences du passé, et même par le mauvais exemple (qu'ils ont soutenu!) de leurs amis de la junte birmane face aux conséquences du cyclone Nargis, jouent une relative transparence.

Les télévisions montrent en boucle le premier ministre Wen Jiabao, un habitué de l'exercice, sur tous les fronts de la tragédie, apportant réconfort aux victimes, coordination et impulsion politique pour rendre les secours plus rapides, plus efficaces.

Le pouvoir chinois sait qu'une partie de sa légitimité se joue dans ces catastrophes naturelles dont la Chine est coutumière. Au début de l'année, on avait pu voir le même Wen Jiabao faire face à la colère de centaines de milliers de "mingongs" (migrants) bloqués par la neige au moment où ils s'apprêtaient à retourner dans leurs villages pour le nouvel an chinois.

Un pouvoir autoritaire compassionnel, telle est l'image projetée par le parti communiste dans de tels moments.

Il n'empêche: 2008 devait être l'année de gloire du pouvoir chinois avec ces JO sur lesquels il a tant investi, dans tous les sens du terme; elle se transforme en "annus horribilis".

Les intempéries du début de l'année ont perturbé la vie de centaines de millions de personnes pendant des semaines, suivies des événements du Tibet qui ont provoqué une crise d'image pour le pouvoir chinois dans l'opinion mondiale et sont loin d'être terminés, et enfin ce violent séisme et ses milliers de morts dans la province la plus peuplée de Chine, le Sichuan. Pour qui croit aux signes, il y a de quoi faire...


URL source: http://www.rue89.com/chinatown/la-derniere-fois-que-la-terre-a-tremble-la-chine-a-change-dere

Liens:
[1]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tremblement_de_terre_de_1976_à_Tangshan
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhou_Enlai

 

Séisme en Chine


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