道言


Tao dit :

Le phallus ne parle pas



1. Des citations de J. Lacan pour remettre au travail la différence entre les formules de la sexuation centrées par le Phallus (J. Lacan) avec les catégories du sexe de Brigitte Berthier dans La dame du bord de l’eau. (centrées par le Tao).


[…] puisque s'il y a bien quelque chose qui caractérise le Phallus, ça n'est, non pas d'être le signifiant du manque comme certains ont cru pouvoir entendre certaines de mes paroles, mais d'être assurément en tout cas ce dont ne sort aucune parole1.



Il nous est très facile de faire ici le joint avec ce que j'ai indiqué tout à l'heure. Je vous ai fait remarquer que le Phallus ne répondait pas. Eh bien, ceci vous met sur la voie du point que je désire ici accentuer, c'est que le Nom, le nom Name et le nom "[prononcé Now?]" , mais on ne voit bien que les choses qu'au niveau du nom propre, comme disait l'autre, le nom, c'est ce qui appelle, mais à quoi ? C'est ce qui appelle à parler ! Et c'est bien ce qui fait le privilège du Phallus. C'est qu'on peut l'appeler éperdument, il ne dira toujours rien.


Enfin je vous passe les formes diverses de l'écriture chinoise parce que c'est absolument superbe le rapport essentiel de l'écriture à ce qui sert à l'inscrire, au calame. Enfin je ne veux pas anticiper sur ce que ça nous donne quant à la valeur de l'instrument du calame. Alors, on suit ça, et puis alors au bout, qu'est-ce qu'on trouve ?

Et bien, on ne trouve pas du tout celui que vous vous attendiez, le cher petit mignon, là qu'on appelle le wen. Je prononce bien ou je prononce mal, en tout cas je n'ai pas mis le ton. Je m'en excuse pour s'il y a un chinois ici, ils sont très sensibles à cela, le bon ton. C'est même ce qui prouve là, une des façons de prouver la primauté de la parole, c'est que sur les quatre façons courantes actuellement, cela ne veut pas dire que dans le passé, les quatre façons courantes de dire, justement ça tombe bien, de dire yi, eh bien ça veut dire quatre choses qui à la fois sont différentes et ne sont pas du tout sans rapport. Enfin je ne veux pas me laisser entraîner. Peut-être que je vous le dirai, je vous le raconterai plus en détails quand je me serai bien exercé aux quatre prononciations de yī, yí, yǐ et il y a ... ça n'a pas du tout le même sens, mais je tiens d'un homme fort lettré que ça tient de la place de la conscience linguistique, je veux dire que le ton lui-même, et c'est en cela qu'il faut regarder à deux fois avant de parler d'arbitraire, que le ton lui-même, tu m'entends Jenny ! le ton lui-même a pour eux une valeur indicative substantielle.


[…] de distinguer ce qu’il en est du discours, comme une structure nécessaire qui dépasse de beaucoup la parole, toujours plus ou moins occasionnelle. Ce que je préfère, ai-je dit, et même affiché un jour, c’est un discours sans paroles. C’est qu’à la vérité, sans paroles, il peut fort bien subsister. Il subsiste dans certaines relations fondamentales. Celles-ci, littéralement, ne sauraient se maintenir sans le langage. Par l’instrument du langage s’instaurent un certain nombre de relations stables, à l’intérieur desquelles peut certes s’inscrire quelque chose qui est bien plus large, va bien plus loin, que les énonciations effectives. Nul besoin de celles-ci pour que notre conduite, nos actes éventuellement s’inscrivent du cadre de certains énoncés primordiaux.(Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, éd. Seuil, 1091, p. 11)»


2. « Il n’y a pas de rapport sexuel » de J. Lacan se distingue du « il y a des relations sexuelles ». Comment traduire en chinois cette phrase dans la mesure où xing guanxi 性关系 signifie à la fois rapport et relation. De plus, comment pouvoir parler de rapport au sens de science occidentale alors qu’il n’y a pas de science en tradition chinoise? Peut être pourrait-on dire qu’il y a une science chinoise qui serait «science graphique», dans cette mesure on pourrait « graphier » le rapport sexuel en Chine, faire de la relation sexuelle une graphie qui pour le coup ne cesserait pas de s’écrire. L’Eros ne cesserait pas de se graphier.

                    

Amour en caractère traditionnel et en caractère simplifié (lian ai)



Les deux composantes (en rouge) des caractères traditionnels disparaissent en caractère simplifiés.

C’est la parole yan qui disparaît d’une part, et le cœur xin d’autre part

C’est-à-dire : ce qui disparaîtrait serait la possibilité de parler d’amour dans la modernité. 



Xing habituellement traduit par “nature” signifie aussi en chinois “sexe”.

C’est-à-dire la sexualité comme un phénomène naturel (ziran = “spontanéité”) lié donc à la médecine traditionnelle chinoise (une des écoles taoïste réprimée par d’autres écoles taoïstes sans parler de Confucius et du bouddhisme).





C’est un des fondements de la pensée chinoise, autrement dit, c’est pourquoi la Chine n’a pas eu besoin d’inventer la psychanalyse, rendao zhuyi 人道主义, “humanisme” (ou comment les pratiques sexuelles sont au fondement de la tradition chinoise).




人道主义


女几

女几者,陳市上沽酒婦人也.作酒常美.遇仙人過其家飲酒, 以素書五卷為質.几開視其書,乃養性交接之術.几私寫其文要,更設房室.納諸年少飲美酒.與止宿.行文書之法.如此三十年,顏色更少, 如二十時,仙人數歲復來過.笑謂几曰,盜道無師,有翅不飛.遂棄家追仙人去,莫知所之去.2




1 Lacan J. (1971). D'un discours qui ne serait pas du semblant, Le Séminaire livre XVIII, Paris, Éd. du Seuil, 2006.

2 Kaltenmark Max, Le lie-sien Tchouan 列仙傳, p. 180. Collège de France, IHEC, 1987.


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Séminaire de Michel Guibal

2009 - 2010


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Séminaire du 18 mars 2010