Des parents demandent de l’aide, des conseils, un « traitement psychologique » pour leur enfant qui présente des difficultés d’apprentissage, des troubles du comportement, des problèmes relationnels. Ils souffrent et s’inquiètent de ce qui ne va pas, ils ne savent pas si le retard, les difficultés viennent de l’enfant lui-même (est-il malade, anormal, ou paresseux ?) ; ou bien si c’est la société, l’école qui est responsable. Faut-il qu’ils se mettent en cause eux-mêmes ? D’autre part, ils ne mesurent pas l’importance pour leur enfant de leur propre histoire familiale, dont ils n’ont pas envie de parler, des traumatismes du passé dont ils ont même perdu le souvenir.

Ils rêvent pour lui d’une existence meilleure que la leur, qu’il soit plus heureux, moins soumis qu’eux aux dures exigences, aux restrictions imposées par la vie. Ils placent en lui leur narcissisme, « : His Majesty the Baby » disait Freud dans Pour introduire le Narcissisme. En Chine, on parle des « petits Empereurs ».

Ils se trouvent démunis face aux difficultés de leur enfant, celui-ci est seul avec sa souffrance et son angoisse.

S’ils peuvent s’adresser à un Autre, à un psychanalyste qui pourrait les écouter, avec qui une relation de confiance pourrait s’établir, quelque chose va changer. L’enfant saisit vite l’importance de cette relation avec un adulte qui ne se situe pas de la même façon que les autres, avec qui il peut exprimer sans crainte ce qui se joue dans son psychisme. Même s’il a encore peu accès au langage, il peut s’exprimer par le dessin, le modelage, le jeu, et avec l’aide du psychanalyste, il peut parvenir à nommer ce qu’il représente, le symboliser, y trouver du sens.


En voici deux exemples cliniques.


Nicolas

Nicolas est un petit garçon de cinq ans, qui vient me voir en consultation avec sa mère. Celle-ci s’inquiète pour lui parce qu’il refuse l’école, ne veut rien apprendre, qu’il reste dans son coin, ne joue pas avec les autres enfants.

Elle reconnaît qu’elle s’est toujours inquiétée pour lui depuis sa naissance, qu’elle a toujours eu peur qu’il soit anormal. Elle en donne comme explication le fait que lorsqu’il était âgé de deux mois, elle s’était disputée très violemment avec le père de l’enfant, et que le petit avait fait des convulsions. Cela ne s’était plus jamais reproduit par la suite, Nicolas s’était apparemment développé normalement. Mais elle avait toujours gardé l’idée qu’il aurait du mal à suivre à l’école. (Il est encore à la maternelle).

Je suis frappée par l’aspect de Nicolas. C’est un gros garçon sans forme, au visage figé, immobile, sans expression. Il marche sans regarder devant lui, s’affale au lieu de s’asseoir. Il ne demande rien, mais accepte de dessiner à gros traits hachés rouges et noirs, sans faire de commentaires. Il est comme absent à lui-même, comme s’il n’avait pas conscience de son corps. À mes questions, il répond d’une voix lente et maniérée, en détachant bien chaque syllabe.

Sa mère est éducatrice; elle est elle-même en analyse pour élucider les difficultés de son enfance, mais comme on le verra, elle ne fait pas le lien avec les problèmes de son fils.

Elle commente le dessin rouge et noir de Nicolas en évoquant une scène où son mari, très violent, l’a poursuivie avec une hache qu’il a plantée dans la porte quand elle s’est enfermée dans la chambre.

Nicolas, qui est complètement pris dans le discours de sa mère - celle-ci ne peut pas s’empêcher d’interpréter sans arrêt ce qu’il dit et ce qu’il fait -, dit que son dessin représente un homme avec une hache.

Au fil des séances, il dessine lentement, consciencieusement, des formes menaçantes, et agressives, puis s’arrête pour me regarder de ses yeux bleus sans expression.

Parfois, il les écarquille bizarrement, et cela provoque chez moi un certain malaise, et même de l’angoisse.

Peu à peu, il devient plus présent, plus vivant, ses yeux sont plus vifs et pétillants, son attitude moins figée. Un jour, je remarque que, comme chez beaucoup d’autres enfants, l’entrée de sa mère dans mon bureau le transforme. Immédiatement, il s’affale sur sa chaise et retrouve son regard vide.

Je peux saisir alors le jeu avec l’angoisse qu’il joue avec sa mère, jeu auquel il se livre aussi avec moi dans le transfert. De le lui nommer apporte un peu de sens et le soulage beaucoup.


Pour parvenir à changer quelque chose de ce lien très serré à sa mère, auquel ils sont attachés tous les deux, et qui est structuré par une angoisse mutuelle, je décide d’interroger la mère ; même si elle n’en voit pas la nécessité, puisqu’elle fait une analyse.

Elle m’avouera plus tard qu’elle avait l’impression que son fils faisait plus de progrès qu’elle en analyse et qu’elle en était jalouse. Cela me fait entendre que ce lien d’angoisse passe par ses propres traumatismes infantiles, quelque chose d’inconscient, de non résolu. Cela va se découvrir peu à peu.

Elle m’apprend qu’elle-même a failli mourir à la naissance, à ce que lui a dit sa mère, avec qui elle entretient des relations difficiles, et que quand Nicolas est né, elle était tellement angoissée qu’elle a failli l’abandonner.

Elle a peur d’être nocive, d’être une mauvaise mère, ce qu’elle surcompense par un excès de soins, ne lui laissant aucune autonomie.


L’angoisse vient à la place de l’amour, mais elle n’en veut rien savoir, d’autant plus qu’elle sent que cela répète l’angoisse et le manque d’amour de sa propre mère.

Quand elle parle de son conjoint, elle dit que Nicolas a peur de lui, de sa violence, de son impulsivité. C’est comme si elle parlait d’elle, elle prête à son fils ses propres sentiments, ses propres angoisses. Elle n’est pas séparée de lui.

Elle craint qu’il ne réussisse pas à l’école, comme elle qui a eu beaucoup de difficultés. Elle ne peut avoir aucune distance vis-à-vis de lui. Il lui a dit qu’il voulait mourir, qu’il ne voulait pas être un garçon, mais une fille…


Cependant, le père de l’enfant, qui jusqu’ici ne se manifestait pas du tout, « la psychanalyse, c’est l’affaire de sa femme », finit par accepter de revenir me voir. Il était déjà venu, mais d’une façon très défensive. C’est un homme humilié, il se sent

mis à l’écart, refusé par sa femme et son fils. Je lui demande de me parler de son père. Il redit ce qu’il m’avait dit lors de notre première rencontre : son père a été hospitalisé en hôpital psychiatrique lorsqu’il était lui-même enfant, et il y est resté jusqu’à sa mort. Il ne peut rien en dire de plus, mais j’insiste. « D’où venait ce père qu’il avait si peu connu ? Avait-il de la famille ? »

Et là quelque chose surgit. Son père venait d’une famille d’immigrés de l’Est, très pauvres. Pendant la guerre, il s’est retrouvé seul avec sa mère et ses petits frères. Le père avait disparu, et c’est lui, l’aîné, jeune adolescent, qui s’est efforcé de nourrir tout le monde. On souffrait beaucoup de la faim.

Je continue à poser des questions. Du sens apparaît. Le grand-père avait été arrêté par les Allemands, c’est pour ça qu’on ne l’a jamais revu. Il se souvient que son père lui avait dit qu’il aimait jouer du violon. En même temps qu’il parle, devant son fils, et qu’il comprend pour la première fois, ce qui a pu se passer, il n’a plus honte de sa famille, il se sent renarcissisé.

Il reviendra me voir à plusieurs reprises pour éclaircir certains points, demandant toujours à parler devant son fils, le prenant à témoin. Il se sent incapable de parler à son fils seul à seul. Quelque chose se noue entre eux, pour la première fois, il éprouve le désir de lui transmettre quelque chose. À lui, on ne lui a rien transmis de son histoire.

Nicolas, qui jusqu’ici résistait obstinément à tous les apprentissages scolaires, commence à faire des progrès. Soudain, il demande à faire de la musique, il veut apprendre à jouer du violon. Il le fera avec beaucoup de plaisir et de ténacité, à la grande surprise de sa mère. Il s’est saisi d’un trait d’idéal de la lignée paternelle, la musique, le violon, et confirme ainsi la réhabilitation du père et du grand-père. C’est une sorte d’hommage qu’il leur rend, et en même temps c’est une sublimation.

Par ailleurs, ses dessins changent, sont de plus en plus élaborés, mieux structurés. Ils expriment toujours des histoires du passé, l’Égypte ancienne, les hommes préhistoriques, ils habitent dans des huttes de roseaux ou dans de riches palais. Ils combattent avec des armes de toutes sortes. Des personnages féminins apparaissent, y compris l’analyste. Il signe ses dessins de ses initiales.

Il s’intéresse à beaucoup de choses, il a maintenant des amis. Il ne veut plus mourir, il ne veut plus être une fille.

À ce propos, sa mère m’apprend que Nicolas a été convoqué par la directrice de l’école : à la récréation, il a été surpris aux cabinets avec un autre garçon, ils comparaient mutuellement la taille de leur pénis. Je la rassure. Il va bien, c’est elle qui continue à être angoissée. Elle a du mal à le lâcher, à admettre qu’il a grandi et qu’il a moins besoin d’elle.


Elle décide d’arrêter l’analyse, alors que Nicolas ne l’avait pas encore souhaité, arguant de sa fatigue, des embouteillages, de la distance, et aussi de son temps pris par les études qu’elle vient de reprendre.


Un an après, Nicolas a alors 9 ans, elle demande à revenir me voir avec lui. Il va bien, mais un symptôme persiste, dont il n’avait jamais parlé, et qu’il avait interdit à sa mère de me dire : il est encoprétique, il salit ses culottes, parce qu’il se retient. On lui dit qu’il sent mauvais, et maintenant ça le dérange et le gène dans ses relations aux autres, surtout aux filles. Ce symptôme va disparaître en quelques séances.


Il avait ainsi maintenu (par-derrière) et d’une façon secrète un lien de jouissance partagée avec sa mère. Et là, il se sent capable de renoncer à cet objet (la merde), de le laisser choir, de le céder sans danger pour son narcissisme, sans risque de se retrouver à la merci de l’Autre.

C’est lui qui avait demandé à revenir me voir pour se débarrasser de ce symptôme.

Il est maintenant capable de se décoller de sa mère, de se séparer d’elle, de grandir, et d’affronter la castration.



Benjamin

Le deuxième enfant dont je vais parler, Benjamin, avait neuf ans quand il est venu me voir.

C’est un enfant très agité, incapable de fixer son attention, refusant toute discipline. Il a déjà changé trois fois d’école, trois fois de psychothérapeute. Selon ses parents, tout allait bien tant qu’il était à la maternelle et qu’il faisait ce qu’il voulait. Depuis qu’il faut apprendre à lire, à écrire, il refuse tout. De plus, il n’a pas d’amis, et rapidement, où qu’il soit, il devient le souffre-douleur de sa classe.

À notre première rencontre, il ne tient pas en place, se lève, se couche par terre, se rassoit, attrape fébrilement tout ce qui est à sa portée sur mon bureau. Il répond à peine à mes questions, sinon par quelques grognements, sans me regarder ni interrompre le mouvement incessant de ses mains. Il chante, répète inlassablement des phrases sans suite. Il fait le fou.


Le père est venu en France avec sa famille quand il était tout petit, en catastrophe. Ils avaient tout perdu. Son père est parvenu à une grande réussite professionnelle, transporteur routier international. C’était un sportif de haut niveau, un footballeur, ça l’a aidé dans sa profession. Le père de Benjamin est très fier de la réussite de son père. Il est par contre réticent pour parler de lui-même. Il a eu beaucoup de difficultés à l’école, il était isolé, exclu. Il est mal à l’aise, et semble penser qu’il n’y a rien à faire pour son fils.

C’est la mère qui est angoissée et demande de l’aide. Cette jeune femme a fait des études supérieures, mais elle a tout laissé tomber pour s’occuper de ses enfants, qui l’envahissent complètement. Benjamin est l’aîné des quatre.

Le travail psychanalytique n’avance pas du tout : Benjamin occupe les séances à dessiner très méticuleusement des avions et des bateaux de la 2e Guerre Mondiale, sans dire un mot ; puis comme je le sollicite, il passe à des logos de clubs de football, des maillots publicitaires ; en un mot, il tue le temps. Rien n’a de sens, il refuse tout, même l’idée d’être footballeur (comme son grand-père). Il se lance pourtant dans la description de matchs, de compétitions avec des clubs importants, qui l’invitent et auxquels il participe. Puis tout retombe.


C’est de revoir la mère qui va débloquer la situation :

Elle avait déjà parlé des difficultés neurologiques graves de la naissance de Benjamin. Il avait été question d’hématome intracrânien, d’intervention neurochirurgicale. Puis, tout était rentré dans l’ordre jusqu’à ce qu’il ait six ans. Il était devenu agité et insomniaque, et elle était retournée voir le chirurgien, qui l’avait rassurée.

Brusquement, elle revient sur la naissance de Benjamin. C’était vraiment catastrophique. Ils étaient mariés depuis deux ans, son mari lui a demandé d’avorter, elle a refusé. Le petit pleurait tout le temps, à quatre mois, il est tombé de la table à langer. Aux urgences de l’hôpital, on a décelé un hématome sous-dural, il a fallu intervenir chirurgicalement.

Elle s’excuse de la confusion qui s’était instaurée dans son esprit entre les deux événements. Elle s’était sentie tellement coupable. Peut-être est-ce la cause d’une trop grande proximité corporelle avec ce fils qu’elle n’ose pas remettre à sa place.

Je demande alors pourquoi le père n’intervient pas. Cette question fait apparaître quelque chose à quoi elle n’avait pas pensé jusque-là, et qu’elle m’explique :

Il vaut mieux que son mari ne dise rien à son fils. Par exemple, quand il part en voyage, il a coutume de lui dire : « En mon absence, c’est toi le chef de famille. Tu peux prendre ma place dans le lit ».

C’est quelque chose qui vient du grand-père paternel, c’est lui qui parle comme ça. Il raconte plein d’histoires à Benjamin, il lui dit qu’il fera de lui son seul héritier, qu’il lui donnera tout, qu’il n’aura rien à faire.

Benjamin est pris dans les mensonges et les fabulations de ce grand-père tyrannique et mégalomane, qui règne sur toute sa famille et dont son père ne peut le protéger. Il se réfugie dans des rêves de grandeur (footballeur, PDG) ou imagine des attaques de Kamikazes à l’école, ils font tout sauter. Il vit dans un monde imaginaire, où tout est possible, mais rien n’a de sens. La parole n’est pas constituante, ni fondatrice de l’interdit. À la limite, c’est l’inverse.

Vérité, savoir, réalité sont mêlés et incertains, les mots n’ont pas le même sens pour tout le monde, et comme il me le dit un jour : « Ce que disent les enfants n’a pas d’importance ».

Pourtant, des changements apparaissent. Il se tient mieux sur sa chaise, il n’est plus le dernier, il s’est fait un copain, encore plus exclu que lui. Il continue à imaginer toutes sortes d’histoires, mais elles ont un rapport avec lui, ce qu’il reconnaît.

Le grand-père y apparaît, tantôt héros, tantôt escroc voulant déposséder ses enfants de ce qui leur revient. Il voudrait aider son père à se dégager de l’emprise du grand-père, apprendre à piloter. Il est moins prisonnier de la parole plus qu’ambiguë de ce père qui lui assignait la même place que lui dans le lit conjugal et auprès du grand-père et de ses fausses promesses.

Sur ce chemin difficile avec des avancées et des retours en arrière, Benjamin conquiert peu à peu sa place de sujet désirant



Commentaires

Ces deux enfants sont pris dans une relation à un Autre parental où toute perte, tout manque est impossible ou très difficile à représenter. Ils sont dans une confusion qui les empêche de constituer leurs propres repères identificatoires, de se situer comme des sujets capables de relations, de pensées. La dette symbolique vis-à-vis des générations précédentes ne peut se constituer.


Au départ, pour le nouveau-né, il n’y a que chaos. Il n’y a pas d’Autre, mais un état de détresse originaire, entrecoupé de béatitude, d’union avec le sein (et non avec la mère, comme le souligne Winnicott : « le bébé est le sein »). Cet état va se modifier avec la mise en place de la pulsion. C’est la pulsion, système de plaisir/déplaisir, où le petit est entièrement dépendant des allées et venues de la mère, de sa chaleur, de son humeur, du ton de sa voix, de la nécessaire répétition de ses soins nourriciers, qui crée l’objet-mère (Freud).

La mère, c’est l’Autre préhistorique inoubliable dont parle Freud à Fliess dans la lettre 52, et dès le premier cri s’inscrivent les premières traces mnésiques sur le corps de l’enfant. Elle a un double aspect, secourable et inquiétant, à l’origine de moments agréables ou pénibles, voire douloureux. Elle est active, elle va et elle vient, elle n’est pas toute à son enfant. Winnicott l’appelle la « mère suffisamment bonne », manière de dire qu’elle n’est pas totalement satisfaisante, qu’il n’y a jamais adéquation totale dans la rencontre. C’est ça qui permet que se constitue la réalité psychique du petit enfant, l’écart entre ce qu’il attend et ce qu’il reçoit.


En même temps que le lait, la mère apporte ce qu’elle désire, ce dont elle manque, et ses paroles. Avant même qu’il ne parle, le petit enfant baigne dans ce bain de langage qui lui préexiste. La mère interprète ses cris en fonction de ce qu’elle imagine des besoins de l’enfant (il a faim, il a froid, il est mouillé, il a sommeil), et elle répond, toujours à côté, selon Lacan.

Ces premiers signifiants qui viennent marquer le corps de l’enfant vont le représenter. Ce sont les S1, premières marques identificatoires venant de l’Autre. Elles suffisent pour le représenter, mais pas pour l’identifier, lui donner son assise.

Pour cela, dit Lacan dans le Séminaire XI, Les Quatre Concepts, il faut un deuxième signifiant S2. Ce signifiant S2 va indiquer la manière dont l’Œdipe se structure pour cet enfant.

S2 n’est pas identique à la succession des S1. Il se réfère au désir de la mère et à la fonction paternelle, c’est-à-dire à quelque chose que le nourrisson perçoit obscurément de ce qui anime la mère, de ce qui la mobilise. C’est à partir de ça qu’il lance un deuxième appel, qu’il tente d’obtenir une réponse qui lui permette de se repérer. La réponse qu’il reçoit permet l’inscription du sujet S1-S2, sujet divisé et marqué de la castration.

Cette manière de dire indique que le sujet perd quelque chose de lui-même à quoi il accepte de renoncer, un morceau de corps, ou plutôt quelque chose qu’il considérait comme faisant partie de ses appartenances. Cet objet a, objet à la limite du corps de la mère et du corps de l’enfant, c’est sa chute qui permet la séparation et la relance du désir pour le sujet.


Dans le cas de Nicolas, quand son père retrouve sa place de père, il renonce à un objet de jouissance commun avec la mère, et peut conjoindre S1 et S2.

Benjamin échappait à la castration en étant le clone du père, et dans une confusion des générations, mais c’était au prix du renoncement à son identité propre.

Les parents rejouent avec leurs enfants les traumatismes mal liquidés, ignorés, de leur propre enfance. Quand on s’occupe d’un enfant, on peut être amené à remonter jusqu’aux grands-parents. C’est pourquoi j’ai intitulé mon exposé


DU PETIT-FILS AU GRAND-PÈRE



Intervenant chinois

Nous remercions Micheline Glicenstein pour son exposé. Je me présente, j’ai été professeur dans une région tibétaine du Sichuan, ça fait maintenant deux ans que je suis revenu à Chengdu et je m’occupe de conseils psychologiques. Je m’intéresse particulièrement aux problèmes d’angoisse des enfants. Je suis moi-même angoissé de me retrouver face au malaise des enfants. C’est pourquoi je suis très intéressé par cet exposé et par les deux cas présentés. J’espère que la discussion m’apprendra encore d’autres choses.


Deux psychanalystes occidentaux

interviennent pour signaler que la lente lecture ou relecture des exposés, traduits simultanément, signe l’évitement du sujet de l’énonciation, et les questions sur le mobilier et/ou ces lectures ânonnées protègent les uns et les autres du scandale freudien de la sexualité infantile (scandale dont on a suivi l’affleurement dans les débats autour de Zheng Yu et Quin Wei).


M. Marr

qui intervient souvent avec beaucoup de force et de conviction exprime le soulagement éprouvé à l’écoute des exposés de Micheline Glicenstien et d’Éric Didier, parce qu’en Chine on vit souvent trois générations ensembles, et qu’il a pu réfléchir sur les liens qui l’attachent à sa mère et sa grand-mère.

Puis il parle du rêve, ceux qui contiennent des monstres en particulier.

Il dit que les Chinois sont effrayés par les films de guerre entre le Japon et la Chine tournés par des Chinois, et pas par ceux tournés par des étrangers, et que c’est en luttant avec les monstres de nos rêves que l’on a le plus peur, donc les chinois sont concernés par les hypothèses freudiennes de la même manière que les occidentaux quoique sous une autre forme.

Du petit-fils au grand-père

Micheline Glicenstein


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