Séminaire de Rainier Lanselle : Écrire en Chine


Dernière date : 7 juin à 21 heures

Lieu : Institut Protestant de Théologie, 83 bd Arago 75014 PARIS.

Contact : Rainier Lanselle, 01 48 03 01 03, rl@paris7.jussieu.fr

Argumentaire :

            Le séminaire de l'année écoulée nous a permis d'examiner différents aspects de la naissance de l'écriture en Chine. Il nous est apparu à cette occasion que l'écriture chinoise n'était pas seulement un système de signes, mais déjà, en soi, un discours. Ce trait était lié aux options historico-religieuses qui avaient fait de l'écriture le moyen, littéralement, d'enregistrer ce qui ne parle pas, de donner figuration à ce qui reste sans voix.

            Nous avons pu soutenir que des traits essentiels de l'écriture chinoise étaient restés pérennes. Ceux-ci devaient accompagner la résistance invincible de ce système graphique à toute tentation de verser dans le phonétisme, quand bien même, par un surprenant paradoxe, il ne devait nullement en méconnaître la possibilité, allant même jusqu'à ne pas se refuser d'en exploiter les ressources. L'écriture chinoise nous est apparue comme ce qui avait pu donner lieu, spontanément, concomitamment à sa naissance même, à une nouvelle langue - langue « graphique », selon la formulation de L.Vandermeersch. Par cette langue, et d'une manière qui confère à l'écriture chinoise une originalité radicale par rapport aux autres écritures qui naquirent et évoluèrent dans l'Ancien monde, l'acte de consignation du discours n'allait apparaître possible que dès lors que celui-ci semblerait trouver sa source en quelque sorte à l'extérieur de toute espèce de sujet.

Sur cette base, la question qui se pose à nous, à l'orée de cette nouvelle série de séances, est la suivante : que fait-on d'un pareil système, lorsqu'on a jugé bon de s'en encombrer ? Qu'allait servir à écrire cette écriture ? Plus encore : qu'est-ce qui, dans le système graphique lui-même, orientait déjà, comme fatalement, l'usage qui pouvait en être fait ? Question qui permet de poser cette autre : qu'est-ce qui, dans la langue, est déjà affine au discours, ne l'en sépare pas ?

En partant de l'examen de ce que les Chinois se sont mis à écrire, quand une fois ils l'ont fait, nous tâcherons de voir en quoi l'on peut dire qu'ils ont donné l'exemple d'une civilisation du texte, plus encore que du livre. Et nous essayerons de sonder quelques-unes des conséquences de ce que c'est, que de généraliser ainsi la fonction du texte.

Si Lacan dit quelque part qu'il s'agit de parler chinois dans sa langue, nouvelle question : qu'est-ce, cette fois, qu'écrire en chinois ?


 

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